La CRÉAcT souhaite féliciter l’une de nos collaboratrices, Rachel Doherty, de l’obtention, en décembre dernier, de son doctorat en études francophones à l’Université de Louisiane à Lafayette. Effectuée sous la direction du professeur émerite Barry Jean Ancelet, l’un des grands spécialistes de la Louisiane francophone, sa thèse est intitulée : Les sorciers, les loups-garous et la transformation des icônes de l’acadianité et la cadienneté à la fin du 20e siècle. (Le résumé se trouve en fin d’article.) Cette recherche a été amorcée alors que Mme Doherty était stagiaire auprès de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud en 2017-18. Depuis lors, plusieurs de ses travaux ont été publiés dans des revues scientifiques, y compris dans le cadre d’initiatives de la CRÉAcT, alors qu’elle demeure très impliquée dans les milieux communautaires en Louisiane. Tout récemment, elle a intégré le collectif pluridisciplinaire Repenser l’Acadie dans le monde : études comparées, études transnationales.
Bravo et bonne continuation à la docteure Doherty !



RÉSUMÉ – Les sorciers, les loups-garous et la transformation des icônes de l’acadianité et la cadienneté à la fin du 20e siècle : Cette thèse est une étude comparée des manières dont des romanciers acadiens et des poètes franco-louisianais contemporains représentent l’identité minoritaire dans leurs caractérisations des icônes folkloriques et occultes. Quatre écrivains, deux Acadiens du Nouveau-Brunswick et deux francophones louisianais, tous ethnographes, écrivent la fiction de la perspective des sorciers et des loups-garous. Les Acadiens sont Antonine Maillet et Régis Brun, et les Louisianais sont Jean Arceneaux et Deborah Clifton. Leur fiction est basée sur le folklore de leurs régions natives, où les francophones et les créolophones constituent des populations minoritaires linguistiques. Les voix des personnages surnaturels sont les voies par lesquelles les auteurs analysent l’aliénation accompagnant la marginalisation qu’ils éprouvent dans une société majoritairement anglophone. Ils critiquent également les critères d’appartenance traditionnelles au sein de leurs cultures, ainsi que les symboles du nationalisme qui sont, depuis un siècle, prédominants dans les discours identitaires acadiens et franco-louisianais. En se focalisant sur l’hybridité et les échanges transculturels qui soutiennent l’imagination folklorique collectif en Acadie et en Louisiane, ces auteurs démontrent que le nationalisme religieux et ethnique limite l’expression d’appartenance culturelle, et que ce genre de nationalisme perpétue les mêmes systèmes d’exclusion que ces populations doivent perpétuellement surmonter. Maillet et Brun emploient la sorcellerie comme une métaphore pour la queerité, le placard et le racisme des Acadiens. Arceneaux et Clifton démontrent la toxicité de l’assimilation intériorisée dans leurs représentations du loup-garou. L’incarnation littéraire moderne de ces icônes folkloriques reflète une tendance théorique contemporaine qui privilégie l’intersectionnalité et la créolisation dans l’expression de l’identité minoritaire.
Félicitations à Rachel!
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