Succès retentissant du colloque étudiant en Cultures et espaces francophones !

Que d’échanges stimulants et que d’ambiance conviviale ! C’est ainsi que s’est déroulé samedi dernier, le 4 mars 2023, le colloque étudiant : « Être francophone : langue, identité et transformation sociale ». Organisé par les étudiant-e-s à la maîtrise en Cultures et espaces francophones de l’Université Sainte-Anne, cette manifestation scientifiques a eu lieu dans les locaux de l’Observatoire Nord/Sud ainsi que sur Zoom.

(Pour en savoir davantage sur la maîtrise ès arts en Cultures et espaces francophones, voir la page du programme.)

Au cours de la journée, plus d’une dizaine de communications ont été présentées par des chercheur-e-s des deuxième et troisième cycles, en provenance de notre institution ainsi que d’autres établissements, notamment de l’Université de Moncton. Le programme a adopté une logique concentrique : l’Acadie, puis le Canada francophone et enfin la francophonie mondiale.

Le coup d’envoi a été donné par la conférence d’honneur d’Isabelle Violette, professeure de sociolinguistique au Département d’études françaises de l’Université de Moncton : « L’insécurité linguistique comme objet discursif ou comment la trajectoire médiatique d’un concept savant est révélatrice de tensions sociales ». Cette conférence fera l’objet d’un épisode futur du balado Acadiversité du Studio N/S de l’Observatoire Nord/Sud.

La journée s’est terminée par une table ronde : « Arts et cultures pour un milieu inclusif en Acadie », réunissant la chanteuse et compositrice Vickie Deveau, l’écrivaine et animatrice culturelle Mélodie Jacquot-Paratte ainsi que Juliana Barnard, étudiante à la maîtrise, citoyenne engagée et conseillère municipale à Truro.

Ce colloque a bénéficié du programme des subventions internes de l’Université Sainte-Anne et du programme de subventions institutionnelles du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), ainsi que de la collaboration de l’Observatoire Nord/Sud.

Il y a lieu de féliciter tout-e-s les intervenant-e-s et tout particulièrement le comité organisateur du colloque, dont : Karmen d’Entremont, président du colloque et coordinateur de l’Observatoire Nord/Sud; Ramona Blinn et Gabrielle Samson, responsables des communications avec l’appui des professeur-e-s Clint Bruce et Tania Grégoire; Cody Donaldson et Dieu Hack-Polay, membres du comité scientifique aux côtés du professeur Daniel Long; Nazaire Joinville et Karmen d’Entremont, responsables de la logistique avec l’appui de la professeure Stéphanie St-Pierre; et Juliana Barnard qui s’est chargée de l’accueil avec l’aide du professeur Roger Gervais. Du début à la fin, l’organisation du colloque a profité d’un encadrement soutenu et enthousiaste de la part de la professeure Chantal White, directrice du Département d’études françaises et coordinatrice du programme de maîtrise.

Bravo à tout le monde et à bientôt pour le prochain colloque !

Programme du colloque – « Être francophone : langue, identité et transformation sociale » (samedi 4 mars 2023)

Le samedi 4 mars prochain, les étudiant-e-s de la Maîtrise ès arts en Cultures et espaces francophones de l’Université Sainte-Anne vous invitent à participer aux activités du premier colloque étudiant « Être francophone : langue, identité et transformation sociale ». Ce sera l’occasion de réfléchir davantage aux enjeux concernant le fait francophone, ici et ailleurs.

Vous trouverez ci-dessous le programme abrégé de la journée. Les activités se dérouleront dans les locaux de l’Observatoire Nord/Sud, au deuxième étage de la Bibliothèque Louis-R.-Comeau sur le campus principal de l’Université Sainte-Anne. Il est également possible d’y assister sur Zoom : https://us02web.zoom.us/j/86445282334.

Pour de plus amples renseignements, voir le communiqué au sujet du colloque. Au plaisir de vous retrouver !

ÊTRE FRANCOPHONE : LANGUE IDENTITÉ ET TRANSFORMATION SOCIALE
Samedi 4 mars 2023, Université Sainte-Anne (Nouvelle-Écosse)

8h00Accueil et inscriptionEntrée de la bibliothèque
9h00-9h15Bienvenue et ouvertureObservatoire Nord/Sud
9h15-10h15Conférence d’honneur, Isabelle Violette, professeur de linguistique à l’Université de Moncton : L’insécurité linguistique comme objet discursif ou comment la trajectoire médiatique d’un concept savant est révélatrice de tensions socialesObservatoire Nord/Sud
10h15-10h30PAUSE-GOÛTER
10h30-12h30Communications – Acadie : la survivance à quel prix ?

« Familles, frontières et flux : la migration acadienne du Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse », Cody DONALDSON (U. Sainte-Anne)

« Des enfants prodigues ? identité acadienne dans des environnements anglicisés », Karmen D’ENTREMONT (U. Sainte-Anne)

« Les « non francophones » : étude de cas sur les sentiments d’appartenance et d’(il)légitimité en français des personnes en immersion française à l’Université de Moncton », Shayna-Eve HÉBERT (U. de Moncton)

« « Réveille » : Représentations médiatiques du français cadien lors du Congrès mondial acadien de 1999 », Ramona BLINN (U. Sainte-Anne)
Observatoire Nord/Sud
12h30-14h00DÎNER
14h00-16h00Communications – La diversité de la langue en francophonie canadienne

« Mouvements sociaux et transformations : la mobilisation linguistique de 2018 pour la francophonie ontarienne », Zacharie COLLINS (U. de Moncton)

« De l’identité de « survivance » à l’identité « Franco-Albertaine » », Clara DAVOINE (Campus Saint-Jean, U. de l’Alberta)

« Les Forces armées canadiennes et les pratiques langagières inclusives bilingues dans l’engagement pour la diversité », Andréa PETERS (U. de Moncton)

« Être francophone en humour au Canada : regard sociolinguistique sur le spectacle Rire en français », Tommy BERGER (U. de Moncton)
Observatoire Nord/Sud
16h00-16h15PAUSE-GOÛTER
16h15-17h45Communications – Les effets de la mondialisation sur la francophonie internationale

« Identité, inclusion et appartenance : de la Francophonie internationale à la Nouvelle-Écosse », Juliana BARNARD (U. Sainte-Anne)

« La Chine et le néocolonialisme en Afrique francophone : enjeux linguistiques, culturels et économiques », Dieu HACK-POLAY (U. Sainte-Anne)

« Langues et musique populaire : vers une compréhension sociolinguistique de la marginalisation du français dans les chansons Compas en Haïti », Jean Junior Nazaire JOINVILLE (U. Sainte-Anne)
Observatoire Nord/Sud
18h00-18h45Table ronde : Arts et cultures pour la création d’un milieu francophone inclusif en AcadieObservatoire Nord/Sud
18h45-19h00Remerciements et mots de la fin
19h30SOUPER

NEW DEADLINE – Diversity and inclusion in Acadie and in Acadian studies: Call for papers for the journal Port Acadie (April 1, 2023)

The editorial board of the journal Port Acadie: An Interdisciplinary Review in Acadian Studies is pleased to announce an extension of the deadline for submissions for issue 39 (Fall 2023), “Diversity and Inclusion in Acadie and in Acadian Studies.” Please see below our call for papers:

While the Acadian experience has always been characterized by plurality, due to the historical dispersal of communities, contemporary Acadie increasingly embraces the values ​​of diversity and inclusion. In the same spirit, our journal, true to its name, aims to be a haven that welcomes different perspectives in Acadian studies, in all disciplines and on a wide variety of issues. How has diversity shaped and how does it continue to shape Acadian society as well as the diaspora? How can we make inclusion a fundamental principle of Acadian studies?

In order to better understand these questions, we welcome submissions for issue 39 of Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, to be published in the fall of 2023. Port Acadie publishes refereed work (in French or in English) – scholarly articles and research notes – as well as essays (in French or in English), reviews of scholarly and literary publications, interviews and creative texts. Manuscripts for the Fall 2023 issue should be received by April 1, 2023.

For more information, see our website or write to us at the following address: port-acadie@usainteanne.ca

NOUVELLE DATE LIMITE – Diversité et inclusion en Acadie et en études acadiennes : appel à contributions pour la revue Port Acadie (1er avril 2023)

Le comité de Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes est heureux d’annoncer une prolongation de la date limite de soumission pour son numéro 39 (automne 2023) : «Diversité et inclusion en Acadie et en études acadiennes». Voir ci-dessous l’appel à textes :

Alors que l’expérience acadienne s’est toujours caractérisée par la pluralité, du fait notamment de la dispersion historique des communautés, l’Acadie contemporaine assume de plus en plus les valeurs de diversité et d’inclusion. Dans ce même esprit, notre revue, fidèle à son nom, se veut un havre qui accueille différentes perspectives en études acadiennes, dans toutes les disciplines et sur une grande variété de problématiques. Comment la diversité a-t-elle façonné et continue-t-elle de façonner la société acadienne ainsi que la diaspora ? Comment faire de l’inclusion un principe fondamental des études acadiennes ?  

Afin de mieux cerner ces questions, nous recevrons avec plaisir des soumissions pour le numéro 39 de Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, à paraître à l’automne 2023. Port Acadie publie des textes arbitrés (en français ou en anglais) – études scientifiques, notes de recherche – ainsi que des textes de réflexion (en français ou en anglais), des comptes rendus d’ouvrages scientifiques et d’œuvres littéraires, des entretiens et des textes de création. Les manuscrits destinés au numéro de l’automne 2023 devront nous parvenir d’ici le 1er avril 2023. 

Pour de plus amples renseignements, voir notre site web ou nous écrire à l’adresse suivante : port-acadie@usainteanne.ca.

 

D’ici le 22 février, une occasion en or de sauver un bijou du patrimoine acadien

C’est une occasion qui vaut son pesant d’or, sinon plus : en votant en ligne une fois par jour jusqu’au mercredi 22 février, nous pouvons assurer l’avenir d’un trésor du patrimoine bâti en Acadie, c’est-à-dire La Vieille Maison à Meteghan, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il s’agit d’une des plus vieilles structures d’après-Déportation, une demeure dont les parties les anciennes remontent à la fin du 18e siècle. La Vieille Maison fait partie d’une liste de dix sites sélectionnés comme finalistes du concours Le Beau Sauvetage, organisé par la Fiducie nationale du Canada avec l’appui d’Assurances ecclésiastique. Le site gagnant bénéficiera d’un prix de 50 000 $. Abandonnée depuis quelques années avant de susciter l’intêt d’un groupe local, La Vieille Maison a besoin de travaux de restauration et de rénovation en vue de sa relance comme musée et centre interprétatif.

Avant de lire une ligne de plus, allez voter ici, sur le site du concours, puis continuez de voter tous les jours pendant qu’il reste du temps !

Le concours s’est ouvert le 20 janvier dernier. Seul finaliste en Nouvelle-Écosse, le site de Meteghan se maintient en deuxième position grâce à l’enthousiasme grandissant de la population et une attention médiatique marquée. Et voilà qu’arrive une superbe nouvelle : la Fiducie nationale vient d’annoncer un deuxième prix de 10 000 $ ! C’est donc le moment de rassembler les voix de l’Acadie, de l’ensemble des provinces Maritimes et de nos amis de partout dans le monde pour contribuer à la sauvegarde de La Vieille Maison.

En plus de son importance patrimoniale, l’histoire de La Vieille Maison s’enrichit de celle de son fondateur, Adolphe Robicheau (1906-1978). Natif de la Baie Sainte-Marie, il a grandi au Massachusetts où il est devenu un danseur et chorégraphe de renommée internationale. Mais Adophe Robicheau n’a jamais oublié sa communauté d’origine ni son héritage acadien. Le site du concours explique :

Le musée était le projet passionné d’Adolphe Robicheau (1906-1978), né au Canada, célèbre maître de ballet de Boston et membre de la communauté LGBTQIA+. Alors que sa flamboyance aurait pu le faire évincer dans de nombreux milieux, il passait ses étés ici à produire des pièces de théâtre et à travailler sur son musée, dont il était le conservateur avec son partenaire Arthur Vaillancourt.

Entre 1958 et le début des années 2000, La Vieille Maison a existé comme musée et centre d’animation. La restaurer et la relancer, c’est aussi rendre hommage à Adolphe Robicheau, dont la vie et les réussites sont mises en lumière grâce aux recherches passionnantes de Dan Robichaud, militant culturel et secrétaire de la Société La Vieille Maison. Notre camarade vient de signer une chronique dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse où il raconte le tollé qu’a suscité en 1943-44 l’ouverture de l’école de danse de Robicheau dans le quartier de Beacon Hill à Boston, l’un des coins les plus huppés de la ville…

Pour ma part, je suis fier de m’associer à la Société La Vieille Maison en tant que membre du comité et à titre de professeur à l’Université Sainte-Anne, spécialiste de la diaspora acadienne et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales. Quoi qu’il advienne du concours Le Beau Sauvetage, nous n’aurons pas fini d’entendre parler de La Vieille Maison et de l’histoire d’Adolphe Robicheau !

M. Clint Bruce

L’Acadie au rendez-vous du Sommet de la Francophonie («Au rythme de notre monde» dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, 16 décembre 2022)

Note : Cette chronique a été publiée simultanément dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, édition du 16 décembre 2022, sous la rubrique «Au rythme de notre monde».

Tout le monde le sait, tout le monde le répète : l’Acadie n’existe pas sur les cartes géopolitiques. Le peuple acadien est une petite nation sans État, en situation de diaspora, par-dessus le marché. Toujours est-il que, malgré ces conditions, l’Acadie n’est guère en reste auprès des institutions de la Francophonie internationale. Voilà un fait étonnant qui s’est manifesté pleinement lors du récent Sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie.

Les Sommets de la Francophonie ont normalement lieu tous les deux ans depuis sa première inauguration en 1986, à Paris. Ils rassemblent les chefs d’État et de gouvernement des pays membres afin de « définir les orientations de la Francophonie […] de manière à assurer son rayonnement dans le monde. » 

Il s’agit de l’instance suprême de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). En raison de la pandémie, sa précédente et 17e édition remontait à 2018, en Arménie, où l’adhésion de quatre nouveaux membres a porté à 88 le nombre de gouvernements dans le giron de la Francophonie institutionnelle.

La Louisiane en faisait partie, en tant que membre observateur. Au Sommet de Djerba, mon État natal était notamment représenté par le Conseil du développement du français en Louisiane (CODOFIL), agence d’affaires francophones et interlocuteur privilégié dans la sphère internationale.

Le 18e Sommet de la Francophonie s’est donc déroulé les 19 et 20 novembre dernier, dans la terre d’origine de l’un des quatre fondateurs de la Francophonie internationale, à savoir Habib Bourguiba (1903-2000), premier chef d’État de la Tunisie postcoloniale. L’événement avait pour thème : « Connectivité dans la diversité : le numérique, vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». 

En dépit des tensions liées aux problèmes politiques en Tunisie et dans plusieurs autres pays d’Afrique, il s’agissait d’un tournant pour la Francophonie institutionnelle, appelée à se recentrer sur sa mission fondamentale. 

Soulignons au passage que le Canada totalise quatre gouvernements membres de l’OIF, partant quatre délégations au Sommet : le Canada lui-même, le Québec, le Nouveau-Brunswick, qui y siège depuis 1977, et, depuis 2016, l’Ontario à titre d’observateur. On peut donc relever que l’Acadie jouit d’une représentation grâce à l’adhésion de notre province voisine.

On se rappellera d’ailleurs que la région de Moncton avait accueilli le Sommet de 1999, un jalon marquant et majeur de l’Acadie contemporaine, et aussi, sous un jour moins glorieux, que le gouvernement de Blaine Higgs avait annulé la tenue des Jeux de la Francophonie dès son arrivée au pouvoir, fin 2018.

Mais notre voix auprès de l’OIF se limite-t-elle au truchement néo-brunswickois ? Pas vraiment, même si le Nouveau-Brunswick joue un rôle indispensable. 

Cette situation a été étudiée par Christophe Traisnel, Éric Mathieu Doucet et André Magord, dans un article paru en 2020 dans la revue Francophonies d’Amérique. Ces trois chercheurs font état d’une dynamique tout à fait particulière :

« D’une certaine manière, la présence acadienne au Nouveau-Brunswick a permis de justifier, par un concours de volontés politiques singulier, la construction d’une forme de représentation déléguée de l’Acadie sur la scène internationale qui constitue en somme la raison principale d’une reconnaissance politique atypique dont jouit, sur la scène internationale francophone, le Nouveau-Brunswick. » 

Autrement dit, l’intérêt pour l’Acadie ouvre au Nouveau-Brunswick les portes de la reconnaissance internationale, tandis que, à tour de rôle, les structures étatiques de la province encadrent la présence acadienne et francophone.

Pour mieux cerner cette réalité, j’ai pris rendez-vous avec Véronique Mallet, directrice générale de la Société nationale de l’Acadie. Organisme porte-parole du peuple acadien, la SNA jouit du statut consultatif auprès de l’OIF. Lors de notre conversation, Mme Mallet rentrait tout juste de Tunisie, où trois membres de la SNA avaient participé au Sommet, c’est-à-dire, en plus d’elle-même, le président de l’organisme, Martin Théberge, ainsi que Yannick Mainville, responsable de la Société de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale (SPAASI).

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Immigrants acadiens d’Argyle en Nouvelle-Angleterre et leur attachement au pays d’origine (Carmen d’Entremont)

Carmen d’Entremont est stagiaire postdoctorale à l’Observatoire Nord/Sud dans le cadre de l’initiative Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord et collaboratrice au projet Repenser l’Acadie dans le monde.

Entre le milieu du 19e siècle et la Seconde Guerre mondiale, 900 000 Canadiens français et plusieurs milliers d’Acadiens des Maritimes émigrent aux États-Unis. Lié à l’industrialisation, ce mouvement migratoire marquera l’histoire de l’Amérique française. Dans la région acadienne d’Argyle, au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ce sont des pêcheurs en quête de nouvelles opportunités qui amorcent l’émigration, contrairement au Québec où, aux débuts, la population migrante est majoritairement constituée d’agriculteurs endettés. C’est à partir de 1871, un peu plus tard qu’au Québec, que l’immigration acadienne prend de l’ampleur. Si on a beaucoup étudié l’émigration des Canadiens français aux États-Unis, l’expérience acadienne a attiré moins d’attention des chercheurs.

Au cours des années 1980 et 1990, Claire Quintal, directrice-fondatrice de l’Institut français du Collège de l’Assomption au Massachusetts, organisait une dizaine de colloques afin de promouvoir une meilleure connaissance de la francophonie nord-américaine. Les actes rassemblent une quantité impressionnante de connaissances. Les articles portant sur l’émigrant acadien examinent notamment les causes du mouvement et ses effets sur la démographie, les interventions de l’élite, le patrimoine folklorique et la survivance du peuple émigré. Parmi les études effectuées à cette époque, celle de Laura Sadowsky sur les Acadiens de Chéticamp à Waltham est la plus approfondie. Sadowsky démontre que l’implication d’institutions francophones comme la paroisse et la French cluba favorisé la préservation du folklore aux États-Unis. Selon elle, c’est en faisant appel à la chanson et à la danse que les immigrants ont réussi à maintenir leur identité ethnique. Plus récemment, quelques universitaires ont analysé la participation des femmes à ce mouvement migratoire. Plusieurs aspects de l’exode restent inexplorés.

Le texte que je rédige pour le collectif Repenser l’Acadie dans le monde vise à cerner ce qui reste de l’acadianité chez une douzaine de descendants d’immigrants acadiens d’Argyle ayant vécu en Nouvelle-Angleterre pendant un minimum de 20 ans, et à saisir les moyens employés pour entretenir un sentiment d’appartenance. L’étude s’appuie sur un corpus d’entretiens constitué dans le cadre du projet « Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord », dirigé par l’historien Yves Frenette. Ici, je jetterai un coup d’œil sur les liens affectifs maintenus avec le lieu d’origine, notamment l’attachement à la Nouvelle-Écosse, un thème souvent évoqué lors des entretiens.

Lire la suite sur le blogue Repenser l’Acadie dans le monde…

Au carrefour des Acadies d’ici et d’ailleurs : parution de deux études sur le Congrès mondial acadien

L’équipe de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud de l’Université Sainte-Anne est très fière d’avoir collaboré à deux publications récentes sur le Congrès mondial acadien de 2019. Il s’agit des fruits d’une enquête menée sous l’égide de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, situé à l’Université de Moncton, et sous la direction du sociologue Éric Forgues. Notre projet s’intitulait : Évènements culturels et construction identitaire en contexte minoritaire, le cas du Congrès mondial acadien. Financée par une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines, cette initiative a mobilisé une équipe pluridisciplinaire tout en bénéficiant d’un partenariat avec la Société nationale de l’Acadie.

À titre de rappel, le Congrès mondial acadien 2019 s’est déroulé du 10 au 24 août 2019 à l’Île-du-Prince-Édouard et au sud-est du Nouveau-Brunswick. C’était la sixième édition de ce grand rendez-vous quinquennal de l’Acadie et de sa diaspora.

Au mois de septembre, nous avons dévoilé notre rapport public, Au carrefour d’une Acadie d’ici et d’ailleurs, mémorielle et actuelle Le Congrès mondial acadien de 2019 (disponible sur le site de l’ICRML), préparé par Éric Forgues, Laurence Arrighi, Tommy Berger, moi-même Clint Bruce, Christine C. Paulin, Christophe Traisnel, Émilie Urbain et Audrey Paquette-Verdon, avec la collaboration de Jennifer Démosthène et Bailey Ross de l’Observatoire Nord/Sud, ainsi que d’Anthony Doiron et Daniel Thériault de la Société Nationale de l’Acadie.

Par l’analyse des perspectives de plusieurs participant-e-s aux activités du CMA, d’un côté, et des membres de l’organisation, de l’autre côté, ce rapport jette un éclairage nuancé sur « l’impact d’un tel évènement sur l’identité de la communauté acadienne ».

Je m’empresse de souligner que la liste des auteur-e-s compte trois étudiant-e-s de l’Université Sainte-Anne, à savoir Audrey Paquette-Verdon, coordinatrice de l’Observatoire Nord/Sud de 2021 à 2022, ainsi que Bailey Ross et Jennifer Démosthène qui ont contribué à la collecte et au vtraitement des données, en plus de Tommy Berger qui poursuivait ses études de maîtrise en anthropologie à l’Université de Montréal.

Des festivités à la chapelle historique de Beaumont, sur les rives de la Petitcodiac, pendant le Congrès mondial acadien 2019. (Crédit photo : Clint Bruce/CRÉAcT)

Dans le sillage de la parution de ce rapport, nous avons eu l’honneur de présenter un volet de notre enquête dans un important dossier thématique de la revue Francophonies d’Amérique : «Francophonie d’Amérique, francophonies des Amériques», sous la direction de Janaína Nazzari Gomes, Christophe Traisnel and Haydée Silva Ochoa. En voici la référence :

Nous avons bon espoir que certaines de nos conclusions feront leur chemin dans les réflexions sur la société acadienne d’aujourd’hui, d’autant plus que nous n’hésitons pas à insister sur la pertinence de cet événement sur plusieurs plans. C’est ce que résume le passage suivant :

En raison de la portée symbolique et identitaire de l’événement et parce qu’il s’inscrit dans l’imaginaire collectif de la déportation, le CMA constitue un événement culturel qui s’impose dans l’Acadie contemporaine en conjuguant des logiques identitaire et économique. En outre, le CMA offre un espace de délibération et de réflexion permettant à l’Acadie de se définir elle-même. Ce faisant, le CMA contribue à la réinvention d’une Acadie «ici et maintenant», tout à la fois fière d’elle-même et de son passé et soucieuse de son avenir.

Alors que la prochaine édition du Congrès approche à grands pas, nous aurons bientôt la chance de reprendre le fil de ces questionnements, ici dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

M. Clint Bruce

Un bond vers la francophonie, à partir d’Haïti : entretien avec Nazaire Joinville, stagiaire à lObservatoire Nord/Sud

Depuis la rentrée de septembre, l’équipe de l’Observatoire Nord/Sud compte un nouveau membre en la personne de Jean Junior Nazaire Joinville, originaire d’Haïti et étudiant du programme de maîtrise en Cultures et espaces francophones à l’Université Sainte-Anne. Journaliste à ses heures, Nazaire signe désormais des articles et des chroniques dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse. Il explique ici son parcours ainsi que son intérêt pour les études francophones.

Vous êtes originaire d’Haïti. Quel a été votre cheminement éducatif et professionnel jusqu’ici ?
En Haïti, après la fin de mes études classiques en 2008, j’ai décroché un diplôme en journalisme et un baccalauréat en communication sociale à l’Université d’État d’Haïti. J’enseignais pendant environ 14 ans au niveau secondaire, professionnel et à l’école normale. Si l’enseignement était ma principale activité professionnelle, j’écrivais aussi des articles pour différents médias dont Ayibopost. Faire une maîtrise et un doctorat au Canada était toujours mon rêve. Me voici ici en train de le concrétiser.  

Qu’est-ce que vous allez étudier dans le cadre de la maîtrise en Cultures et espaces francophones ? et dans quel but ?
Mes projets de recherche portent toujours sur la musique haïtienne. J’ai réalisé mon mémoire de baccalauréat sur le sujet qui suit : «L’alternance codique dans le Compas : étude sur la réception des chansons à succès d’Arly Larivière chez les amateurs de musique en Haïti». Le compas, c’est l’un des genres musicaux les plus populaires dans notre pays. Aujourd’hui, pour la maîtrise, je compte faire une étude sociolinguistique sur la place du français dans la musique haïtienne.   

Il y a un rapport complexe à la langue française en Haïti, où le créole est la véritable langue de la population. Comment expliquer votre intérêt pour les questions liées à la francophonie ?
Autrefois je n’aimais pas le français comme langue, encore moins la francophonie. Toutefois, au début des années 2010, brusquement, mon amour pour cette langue et cette culture commençait à grandir, ce qui m’a poussé à fréquenter l’Institut français en Haïti. Aujourd’hui, outre la francophonie, les rapports que développent les pays francophones avec les autres pays ayant d’autres langues m’interpellent aussi. Je ne sais pas d’où vient cet amour, mais je sais où il peut m’emmener !

Arrivé depuis peu en Nouvelle-Écosse, vous semblez porter un grand intérêt au milieu d’ici. Quels sont vos impressions à ce stade ?
Je pense que le Canada en général et la Nouvelle-Écosse en particulier offrent beaucoup d’avantages à des gens comme moi. Je rencontre des personnes accueillantes en Nouvelle-Écosse qui me permettent de m’adapter promptement. J’ai l’impression que je suis chez moi. Je souhaite rester ici pendant longtemps. 

Dans quelle mesure est-ce que ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud contribuera à votre développement professionnel ?Ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud me sera très utile. Outre l’expérience qu’il me donnera sur le plan professionnel, ce poste me permettra aussi de développer mes capacités en qualité de chercheur. Travailler dans un centre de recherche au Canada n’est pas une mince affaire. Je souhaite combiner mon savoir-faire et mon désir de bien faire afin de bien réaliser cette tâche.  

Qu’est-ce que vous aimez faire comme passetemps ? Quels sont vos autres intérêts intellectuels ?
Comme passe-temps je lis beaucoup et j’écoute de la bonne musique à savoir le Compas et les chansonnettes françaises et anglaises. Sur le plan intellectuel, d’une part, je compte décrocher un doctorat en sciences du langage ou en communication et d’autre part, enseigner au niveau post-secondaire et réaliser de grandes recherches.

Merci beaucoup, Nazaire, et bonne continuation !

Scène de rue en Haïti. (Crédit photo : Alex Proimos. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Haiti_(7810874424).jpg / Image disponible sous la licence Creative Commons 2.0)

À vos plumes ! Appel à textes de création pour la revue Port Acadie (15 janvier 2023)

La revue Port Acadie comprend désormais un volet « Création littéraire ». À l’image du titre de la revue, cette section se veut un port, accueillant des autrices et des auteurs de tous les horizons de l’Acadie et de sa diaspora. Nous acceptons des textes inédits de tous les types de formes brèves (poésie, nouvelle, conte, etc.), tant des artistes de la relève que des écrivaines et écrivains d’expérience. Se voulant le reflet de la diversité et de la richesse de l’Acadie, le volet invite la soumission d’œuvres en français, en langue Mi’gmaq, en anglais et en créole louisianais ainsi que d’œuvres multilingues.

C’est dans cet esprit que nous recevrons avec plaisir des soumissions de textes de création pour le numéro 38 de Port Acadie. Les textes destinés au numéro du printemps 2023 devront nous parvenir d’ici le 15 janvier 2023 et devront être accompagnés d’une notice bio-bibliographique d’une soixantaine de mots. Veuillez faire parvenir vos soumissions à l’adresse suivante : port-acadie@usainteanne.ca.

À vos plumes !