Pour mieux comprendre l’Acadie et sa situation en contexte mondial, il existe beaucoup de textes qu’ il est possible de consulter gratuitement. Pendant la pandémie de COVID-19, les revues savantes et maisons d’édition font des efforts pour rendre encore plus accessibles ces ressources afin de mettre le savoir à la portée de tout le monde. Dans cet esprit-là, la CRÉAcT signalera à tous les deux vendredis un article ou un livre en études acadiennes ou bien dans un domaine connexe. Cette initiative s’intitule : Vite! vite! allez lire…
Comment les minorités francophones des provinces Maritimes ont-elles composé avec les grandes mutations sociales survenues à partir des années 1960? La population acadienne pouvait-elle garder la même définition d’elle-même, comme si de rien n’était? Historien à la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina (Saskatchewan), anciennement professeur invité à l’Université Sainte-Anne, Michael Poplyansky explore cette problématique dans un article passionnant : «Francophone ou acadien : indécision identitaire au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse 1968–1973», paru dans la revue Port Acadie en 2015 (numéro 27, p. 63-81). En voici le résumé :
La fin des années 1960 et le début des années 1970 marquent un changement discursif important pour les minorités franco-canadiennes. Plutôt que d’utiliser les appellations historiques de « Canadien français » ou d’« Acadien », elles commencent à s’identifier simplement comme « francophone ». En se penchant sur les débats entourant la fondation de la Société des Acadiens du Nouveau-Brunswick et la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, cet article cherche à expliquer le bref attrait qu’exerça le vocable « francophone » en Acadie. L’article l’attribue à un désir d’inclusion par rapport aux individus n’ayant pas de lien généalogique avec la Déportation et à une volonté de se solidariser avec la lutte autonomiste des Québécois. Pourtant, l’article conclut que l’engouement pour le terme « francophone » n’a pas duré en Acadie, notamment à cause de la résistance populaire et de l’impraticabilité de toute tentative de « fusion » entre les peuples acadien et québécois.
De quoi enrichir votre compréhension, en complément du percutant documentaire L’Acadie, l’Acadie ?!? (1971) ou de l’ouvrage de Joel Belliveau, Le « moment 68 » et la réinvention de l’Acadie.

À noter que le professeur Poplyansky est également l’auteur d’un livre marquant, Le Parti acadien et la quête d’un paradis perdu (2018). Cet ouvrage sur le mouvement autonomiste au Nouveau-Brunswick vient d’ailleurs de remporter le prix France-Acadie 2020. Il est également l’un des collaborateurs de la CRÉAcT : avec Joel Belliveau, Anne-Andrée Denault, Stéphanie Saint-Pierre et moi-même, Poplyansky prépare un ouvrage collectif à paraître aux Presses de l’Université Laval, La dimension oubliée des années 1968 : Mobilisations politiques et culturelles des minorités nationales en Amérique du Nord.
Bonne lecture et bonnes découvertes !
