Pleins feux sur l’intersectionnalité lors de la prochaine classe de maître de la CRÉAcT

Pointe-de-l’Église (N.-É.), le 26 octobre 2023 – La sixième classe de maître de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT) de l’Université Sainte-Anne sera animée par Rohini Bannerjee de St. Mary’s University. Spécialiste d’études francophones, elle s’intéresse aux enjeux de l’équité, de la diversité et de l’inclusion.

Cette table ronde, intitulée Quand nos identités se croisent : comprendre l’intersectionnalité, aura lieu dans les locaux dans l’Observatoire Nord/Sud, au 2e étage de la Bibliothèque Louis-R.-Comeau, le jeudi 16 novembre 2023 à 19h00. La conversation abordera la notion d’intersectionnalité qui renvoie au fait que chaque personne a plusieurs identités qui se chevauchent, et que ce phénomène conditionne l’expérience de groupes minoritaires ou marginalisés. Gratuite et ouverte au public, l’activité sera aussi diffusée sur Zoom [https://us02web.zoom.us/j/81136401395].

Fille d’immigrants de l’Inde au territoire de Mik’ma’ki, et francophone de formation, Rohini Bannerjee est vice-présidente associée à Saint Mary’s University, chargée de la diversité, de l’inclusion et de l’équité. Parallèlement professeure titulaire en études francophones au Département des langues et cultures, elle mène des recherches sur les littératures et les cultures francophones de l’océan Indien. En plus de ses essais, madame Bannerjee a publié des poèmes et des récits en Espagne, en Inde et au Canada.

Le thème de l’intersectionnalité se trouve au cœur d’un projet de recherche dirigé par le professeur Clint Bruce, titulaire de la CRÉAcT et directeur de l’Observatoire Nord/Sud, sur la dimension identitaire et les retombées sociales du Congrès mondial acadien 2024. « Ayant été suspendues pendant la pandémie, les classes de maître font maintenant un retour en force grâce à la collaboration de Rohini Bannerjee, qui apporte une perspective précieuse sur les questions de diversité et d’inclusivité », explique monsieur Bruce.

Suivant la formule des classes de maître, cette table ronde prendra la forme d’un séminaire composé d’étudiants et de professeurs ainsi que de membres de la communauté. Le public sera invité à contribuer à la discussion.

La classe de maître est composée des personnes suivantes :

  • Arianne Des Rochers, traductrice et professeure à l’Université de Moncton
  • Jean-Philippe Giroux, rédacteur-en-chef du Courrier de la Nouvelle-Écosse
  • Johnsly Ira, étudiant en CEFR et originaire d’Haïti
  • Sandrine Mounier, docteure de l’Université du Québec à Montréal
  • Madjiguène Ndèye, étudiante en CEFR et enseignante au Cap-Breton
  • Sandrine Pagé, étudiante en CEFR

À propos de l’Université Sainte-Anne

Fière de son caractère francophone, l’Université Sainte-Anne constitue un foyer unique en son genre pour l’apprentissage, la recherche, l’innovation et l’épanouissement en français. En effet, ancrée dans l’Acadie de la Nouvelle-Écosse, l’Université se focalise sur la création et la mobilisation de savoirs nouveaux dans une variété de domaines de pointe particulièrement pertinents pour notre époque. L’Université Sainte-Anne souhaite soutenir une culture de recherche concertée et dynamique, de façon à favoriser le rayonnement et la mise en œuvre de savoirs vitaux et novateurs, destinés à répondre aux besoins de la communauté locale, de la société acadienne et d’un monde en constante mutation. 

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Bureau de la recherche   
Université Sainte-Anne  
Courriel : recherche@usainteanne.ca

Mercredi 11 octobre 2023 : Lancement du livre La dimension oubliée des années 1968 – Mobilisations de minorités nationales au Canada et aux États-Unis

À vos agendas ! Tout le monde est invité à assister au lancement de l’ouvrage collectif La dimension oubliée des années 1968 – Mobilisations de minorités nationales au Canada et aux États-Unis, le mercredi 11 octobre 2023, à 17h00 (Atlantique). Cette activité aura lieu à l’Observatoire Nord/Sud de l’Université Sainte-Anne, au 2e étage de la Bibliothèque Louis-R.-Comeau, ainsi que sur Zoom : LIEN ICI.

Paru aux Presses de l’Université Laval dans le cadre de sa collection «Culture française d’Amérique», parainée par la CEFAN, ce recueil d’études est dirigé par les chercheur-e-s Michael Poplyansky (Cité universitaire francophone de l’Université de Regina), Clint Bruce (Université Sainte-Anne), Joel Belliveau (Centre de recherche sur les francophonies canadiennes, Université d’Ottawa), Anne-André Denault (CEGEP de Trois-Rivières) et Stéphanie St-Pierre (Université Sainte-Anne). De quoi s’agit-il dans ce livre ?

En voici un aperçu : De la fin des années 1960 au début des années 1980, les «années 68» sont marquées par le militantisme intense et le changement culturel rapide. Un aspect demeure mal compris : les revendications collectives des minorités nationales. Pour celles-ci, on observe la naissance de mouvements politiques qui luttent pour l’épanouissement de leurs communautés.

Ce recueil se concentre sur les répercussions des «années 68» sur les peuples francophones du Canada et des Etats-Unis. Il s’intéresse aussi aux minorités nationales évoquées plus rarement par la littérature scientifique francophone, notamment les Chicanos du sud-ouest des Etats-Unis et les peuples autochtones de la Colombie-Britannique. Ainsi, en proposant des regards croisés sur différents mouvements nationalitaires, ce recueil offre une perspective originale sur une période marquante de l’histoire du monde contemporain.

Voir ci-dessous la table des matières.

La présentation de ce livre marquant sera enrichie d’un témoignage local de l’époque de la part de Glenda Doucet-Boudreau. Originaire de la Baie Sainte-Marie, Glenda Doucet-Boudreau est une Acadienne remarquable qui a consacré sa vie au développement et au bien-être des communautés acadiennes et francophones. Infirmière de formation, elle consacre une grande partie de son temps libre à soutenir des initiatives contribuant à la vitalité des communautés acadiennes, notamment dans les secteurs de l’éducation, des droits des femmes et de la promotion du patrimoine acadien.

Glenda a joué un rôle majeur dans le secteur de l’éducation en s’impliquant dans des procédures judiciaires pour faire respecter l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. En 2003, l’arrêt Doucet-Boudreau de la Cour suprême du Canada a réaffirmé la responsabilité des provinces et des territoires de respecter leurs obligations en matière d’enseignement dans la langue de la minorité. Enfin, Glenda travaille à la promotion du patrimoine acadien et de la condition féminine. Elle est membre fondatrice de l’Association Madeleine-LeBlanc à Clare en 1975, et de la Fédération des femmes acadiennes de la Nouvelle-Écosse en 1983. Elle a siégé pendant de nombreuses années aux conseils d’administration de ces deux organismes et a représenté la Nouvelle-Écosse au conseil d’administration de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne, au niveau national, pendant cinq ans.

TABLES DES MATIÈRES :
La dimension oubliée des années 1968 – Mobilisations de minorités nationales au Canada et aux États-Unis

Introduction – Michael Poplyansky, Clint Bruce, Joel Belliveau, Anne-Andrée Denault et Stéphanie St-Pierre

LES MINORITÉS NATIONALES NORD-AMÉRICAINES : ANGLE MORT DES ANNÉES 1968 ?

Une cécité peut en cacher une autre : le Canada francophone et « Mai 68 » dans la mémoire européenne – Ingo Kolboom

Octavio Romano et la critique chicano de l’Amérique – Ignacio M. García

La jeunesse fransaskoise dans les années 1968 : un portrait exploratoire – Michael Poplyansky

LE DÉPASSEMENT DES FRONTIÈRES ÉTATIQUES

L’éloignement et le rapprochement des Canadiens français : une réponse de Gabrielle Roy au nationalisme des années 1960 – Jérôme Melançon

Redéfinir le territoire historique en milieu minoritaire : étude de cas de la fondation de l’Institut franco-ontarien et du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest – Stéphanie St-Pierre

De la survivance à l’affirmation culturelle : l’alliance entre le Québec et les collectivités francophones des États-Unis, le cas des Franco-Américains – Anne-Andrée Denault

Le maire Jones, Acadien honoraire ? ! ? : répercussions politiques du projet de jumelage municipal entre Moncton (N.-B.) et Lafayette (Louisiane) – Clint Bruce

À LA RENCONTRE DE L’AUTRE

Aujourd’hui, j’suis réveillée pis j’reprends le temps perdu : l’expérience de l’histoire dans Québécoises deboutte ! (1971-1974) – Daniel Poitras

Nos luttes communes : droits de femmes autochtones et édification de
coalitions transraciales pendant l’Année internationale de la femme (1975) – Sarah Nickel

Au carrefour des nations : la Commission royale d’enquête sur
le bilinguisme et le biculturalisme à l’écoute des Autochtones. . 245
Lucie Terreaux

TÉMOIGNAGES D’ACTEURS DE L’ÉPOQUE

Nicole Boudreau, ancienne présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

Laurier Gareau, dramaturge et historien fransaskois

Jean-Marie Nadeau, ancien président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick

David Cheramie, Ph. D., ancien directeur du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL)

Notices biographiques

Communiqué : Le professeur Clint Bruce obtient une subvention importante du CRSH pour étudier le CMA 2024

Pointe-de-l’Église (N.-É.), le 30 août 2023 – L’Université Sainte-Anne a reçu une subvention de développement de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) pour appuyer une étude pluridisciplinaire et multisectorielle autour du Congrès mondial acadien de 2024 (CMA). Le projet intitulé Vers l’Acadie de l’avenir : enjeux et espoirs autour du Congrès mondial acadien sera mené par Clint Bruce, professeur agrégé au département des sciences humaines et directeur de l’Observatoire Nord/Sud. Une équipe se composera de 17 chercheuses et chercheurs, dont 11 proviennent de l’Université Sainte-Anne, ainsi que de 8 organisations partenaires.

D’une valeur de 198 686 $, la subvention finance le projet collaboratif de 3 ans qui débute cette année. Le but de l’initiative est d’étudier plusieurs dimensions du CMA 2024 qui se déroulera dans l’Acadie du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse à l’été 2024, majoritairement dans les municipalités de Clare et Argyle. Il s’agit de la septième édition d’un évènement quinquennal qui remonte à 1994.

«  Le Congrès mondial acadien est un évènement majeur et récurrent, le grand rendez-vous de l’Acadie. Pour notre équipe, il importe de mieux comprendre ses retombées sociales dans nos communautés locales et chez les personnes qui y participent. Voilà l’un des buts majeurs de notre projet. Ce faisant, nous chercherons à cerner les interactions entre l’identité acadienne et les autres aspects de l’identité des gens, car la vision de l’Acadie se complexifie à vive allure. Être Acadienne ou Acadien, cela peut signifier beaucoup de choses différentes, pour différentes personnes et dans différents milieux.  »

– Professeur Clint Bruce, chercheur principal

Tout en promouvant l’intensification des liens entre les partenaires, les recherches visent un objectif double, à la fois sur le plan scientifique et au niveau des retombées sociales.

Sur le plan scientifique, l’équipe pluridisciplinaire examinera l’impact social et les effets identitaires du CMA, tant au niveau local qu’à l’échelle du Canada et de la diaspora acadienne. De plus, elle se penchera sur les modèles de gouvernance et les instruments de politiques publiques mobilisés par les instances décisionnelles.

Quant aux retombées sociales, les activités de recherche et de mobilisation des connaissances seront élaborées en concertation avec les organismes partenaires de la société civile, afin d’informer leur planification stratégique et guider leurs actions sur le terrain.

«  La Société acadienne de Clare, en tant qu’organisme partenaire, est très contente de faire partie de ce projet de recherche avec tous ces experts-chercheurs. Grâce à leur travail de recherche, nous sur le terrain pourrons envisager des réponses et solutions à nos défis et nos enjeux.  »

– Natalie Robichaud, directrice générale de la Société acadienne de Clare

«  Le Conseil acadien de Par-en-Bas est ravi de participer à ce projet mené par l’Université Sainte-Anne ! En collaborant avec les chercheurs et chercheuses universitaires, ainsi qu’avec les autres partenaires du projet, nous pourrons mieux cerner les enjeux manifestes au CMA qui touchent notre région. Ces partenariats nous outilleront davantage afin d’accomplir notre mission de promouvoir l’épanouissement et le développement global de la communauté acadienne et francophone de la région d’Argyle.  »

– Gwen LeBlanc, présidente du Conseil acadien de Par-en-Bas

Plus largement, les initiatives du partenariat visent à éclairer les débats publics et les processus décisionnels sur des enjeux d’ordre socioculturel en milieu minoritaire francophone.

Ce projet de développement de partenariat explorera cinq axes thématiques :

  1. Les expériences identitaires au prisme des représentations sociales
  2. Les systèmes de gouvernances efficaces
  3. Les enjeux de l’immigration et de l’inclusion
  4. L’identité ethnolinguistique à l’ère de la société asociale
  5. Les idéologies linguistiques et analyse du discours de l’acadianité.

Le programme de recherche étendu et le haut degré d’engagement de l’Université Sainte-Anne réaffirmeront la position de l’établissement en tant que lieu d’expertise dans les questions de société en Acadie. Grâce à ce projet chapeauté par l’Observatoire Nord/Sud, les chercheuses et chercheurs de l’Université Sainte-Anne se mettront à l’avant-garde des études acadiennes, tout en collaborant avec des collègues de l’Université de Moncton et de Carleton University. 

Liste actuelle des partenaires

Chercheurs et chercheuses :

Laurence Arrighi (Université de Moncton)
Clint Bruce (Sciences humaines ; titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales)
Andrea Burke-Saulnier (Sciences de l’éducation)
James Crombie (Sciences humaines)
Arianne Des Rochers (Université de Moncton)
Louise Fontaine (Sciences administratives)
Éric Forgues (Université de Moncton)
Roger Gervais (Sciences humaines)
Malanga-Georges Liboy (Sciences de l’éducation)
Kristel Mayrand (Sciences humaines)
Judith Patouma (Sciences de l’éducation)
Christine Paulin (Université de Moncton)
Yalla Sangaré (Sciences administratives)
Stéphanie St-Pierre (Sciences humaines)
Christophe Traisnel (Université de Moncton)
Emilie Urbain (Université Carleton)
Chantal White (Études françaises)

Partenaires :

Centre acadien (Université Sainte-Anne)
Comité organisateur de Congrès mondial acadien 2024
Conseil acadien de Par-en-Bas
Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (Université de Moncton)
Observatoire Nord/Sud (Université Sainte-Anne)
Société acadienne de Clare
Société nationale de l’Acadie

À propos de la recherche à l’Université Sainte-Anne 

Fière de son caractère francophone, l’Université Sainte-Anne constitue un foyer unique en son genre pour l’apprentissage, la recherche, l’innovation et l’épanouissement en français. En effet, ancrée dans l’Acadie de la Nouvelle-Écosse, l’Université se focalise sur la création et la mobilisation de savoirs nouveaux dans une variété de domaines de pointe particulièrement pertinents pour notre époque. L’Université Sainte-Anne souhaite soutenir une culture de recherche concertée et dynamique, de façon à favoriser le rayonnement et la mise en œuvre de savoirs vitaux et novateurs, destinés à répondre aux besoins de la communauté locale, de la société acadienne et d’un monde en constante mutation. 

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Au carrefour des Acadies d’ici et d’ailleurs : parution de deux études sur le Congrès mondial acadien

L’équipe de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud de l’Université Sainte-Anne est très fière d’avoir collaboré à deux publications récentes sur le Congrès mondial acadien de 2019. Il s’agit des fruits d’une enquête menée sous l’égide de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, situé à l’Université de Moncton, et sous la direction du sociologue Éric Forgues. Notre projet s’intitulait : Évènements culturels et construction identitaire en contexte minoritaire, le cas du Congrès mondial acadien. Financée par une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines, cette initiative a mobilisé une équipe pluridisciplinaire tout en bénéficiant d’un partenariat avec la Société nationale de l’Acadie.

À titre de rappel, le Congrès mondial acadien 2019 s’est déroulé du 10 au 24 août 2019 à l’Île-du-Prince-Édouard et au sud-est du Nouveau-Brunswick. C’était la sixième édition de ce grand rendez-vous quinquennal de l’Acadie et de sa diaspora.

Au mois de septembre, nous avons dévoilé notre rapport public, Au carrefour d’une Acadie d’ici et d’ailleurs, mémorielle et actuelle Le Congrès mondial acadien de 2019 (disponible sur le site de l’ICRML), préparé par Éric Forgues, Laurence Arrighi, Tommy Berger, moi-même Clint Bruce, Christine C. Paulin, Christophe Traisnel, Émilie Urbain et Audrey Paquette-Verdon, avec la collaboration de Jennifer Démosthène et Bailey Ross de l’Observatoire Nord/Sud, ainsi que d’Anthony Doiron et Daniel Thériault de la Société Nationale de l’Acadie.

Par l’analyse des perspectives de plusieurs participant-e-s aux activités du CMA, d’un côté, et des membres de l’organisation, de l’autre côté, ce rapport jette un éclairage nuancé sur « l’impact d’un tel évènement sur l’identité de la communauté acadienne ».

Je m’empresse de souligner que la liste des auteur-e-s compte trois étudiant-e-s de l’Université Sainte-Anne, à savoir Audrey Paquette-Verdon, coordinatrice de l’Observatoire Nord/Sud de 2021 à 2022, ainsi que Bailey Ross et Jennifer Démosthène qui ont contribué à la collecte et au vtraitement des données, en plus de Tommy Berger qui poursuivait ses études de maîtrise en anthropologie à l’Université de Montréal.

Des festivités à la chapelle historique de Beaumont, sur les rives de la Petitcodiac, pendant le Congrès mondial acadien 2019. (Crédit photo : Clint Bruce/CRÉAcT)

Dans le sillage de la parution de ce rapport, nous avons eu l’honneur de présenter un volet de notre enquête dans un important dossier thématique de la revue Francophonies d’Amérique : «Francophonie d’Amérique, francophonies des Amériques», sous la direction de Janaína Nazzari Gomes, Christophe Traisnel and Haydée Silva Ochoa. En voici la référence :

Nous avons bon espoir que certaines de nos conclusions feront leur chemin dans les réflexions sur la société acadienne d’aujourd’hui, d’autant plus que nous n’hésitons pas à insister sur la pertinence de cet événement sur plusieurs plans. C’est ce que résume le passage suivant :

En raison de la portée symbolique et identitaire de l’événement et parce qu’il s’inscrit dans l’imaginaire collectif de la déportation, le CMA constitue un événement culturel qui s’impose dans l’Acadie contemporaine en conjuguant des logiques identitaire et économique. En outre, le CMA offre un espace de délibération et de réflexion permettant à l’Acadie de se définir elle-même. Ce faisant, le CMA contribue à la réinvention d’une Acadie «ici et maintenant», tout à la fois fière d’elle-même et de son passé et soucieuse de son avenir.

Alors que la prochaine édition du Congrès approche à grands pas, nous aurons bientôt la chance de reprendre le fil de ces questionnements, ici dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

M. Clint Bruce

Un bond vers la francophonie, à partir d’Haïti : entretien avec Nazaire Joinville, stagiaire à lObservatoire Nord/Sud

Depuis la rentrée de septembre, l’équipe de l’Observatoire Nord/Sud compte un nouveau membre en la personne de Jean Junior Nazaire Joinville, originaire d’Haïti et étudiant du programme de maîtrise en Cultures et espaces francophones à l’Université Sainte-Anne. Journaliste à ses heures, Nazaire signe désormais des articles et des chroniques dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse. Il explique ici son parcours ainsi que son intérêt pour les études francophones.

Vous êtes originaire d’Haïti. Quel a été votre cheminement éducatif et professionnel jusqu’ici ?
En Haïti, après la fin de mes études classiques en 2008, j’ai décroché un diplôme en journalisme et un baccalauréat en communication sociale à l’Université d’État d’Haïti. J’enseignais pendant environ 14 ans au niveau secondaire, professionnel et à l’école normale. Si l’enseignement était ma principale activité professionnelle, j’écrivais aussi des articles pour différents médias dont Ayibopost. Faire une maîtrise et un doctorat au Canada était toujours mon rêve. Me voici ici en train de le concrétiser.  

Qu’est-ce que vous allez étudier dans le cadre de la maîtrise en Cultures et espaces francophones ? et dans quel but ?
Mes projets de recherche portent toujours sur la musique haïtienne. J’ai réalisé mon mémoire de baccalauréat sur le sujet qui suit : «L’alternance codique dans le Compas : étude sur la réception des chansons à succès d’Arly Larivière chez les amateurs de musique en Haïti». Le compas, c’est l’un des genres musicaux les plus populaires dans notre pays. Aujourd’hui, pour la maîtrise, je compte faire une étude sociolinguistique sur la place du français dans la musique haïtienne.   

Il y a un rapport complexe à la langue française en Haïti, où le créole est la véritable langue de la population. Comment expliquer votre intérêt pour les questions liées à la francophonie ?
Autrefois je n’aimais pas le français comme langue, encore moins la francophonie. Toutefois, au début des années 2010, brusquement, mon amour pour cette langue et cette culture commençait à grandir, ce qui m’a poussé à fréquenter l’Institut français en Haïti. Aujourd’hui, outre la francophonie, les rapports que développent les pays francophones avec les autres pays ayant d’autres langues m’interpellent aussi. Je ne sais pas d’où vient cet amour, mais je sais où il peut m’emmener !

Arrivé depuis peu en Nouvelle-Écosse, vous semblez porter un grand intérêt au milieu d’ici. Quels sont vos impressions à ce stade ?
Je pense que le Canada en général et la Nouvelle-Écosse en particulier offrent beaucoup d’avantages à des gens comme moi. Je rencontre des personnes accueillantes en Nouvelle-Écosse qui me permettent de m’adapter promptement. J’ai l’impression que je suis chez moi. Je souhaite rester ici pendant longtemps. 

Dans quelle mesure est-ce que ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud contribuera à votre développement professionnel ?Ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud me sera très utile. Outre l’expérience qu’il me donnera sur le plan professionnel, ce poste me permettra aussi de développer mes capacités en qualité de chercheur. Travailler dans un centre de recherche au Canada n’est pas une mince affaire. Je souhaite combiner mon savoir-faire et mon désir de bien faire afin de bien réaliser cette tâche.  

Qu’est-ce que vous aimez faire comme passetemps ? Quels sont vos autres intérêts intellectuels ?
Comme passe-temps je lis beaucoup et j’écoute de la bonne musique à savoir le Compas et les chansonnettes françaises et anglaises. Sur le plan intellectuel, d’une part, je compte décrocher un doctorat en sciences du langage ou en communication et d’autre part, enseigner au niveau post-secondaire et réaliser de grandes recherches.

Merci beaucoup, Nazaire, et bonne continuation !

Scène de rue en Haïti. (Crédit photo : Alex Proimos. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Haiti_(7810874424).jpg / Image disponible sous la licence Creative Commons 2.0)

La recherche à Sainte-Anne : Ramona E. Blinn, stagiaire à la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT)

C’est avec plaisir et fierté que nous partageons ce portrait de Ramona E. Blinn, stagiaire à la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT) et l’Observatoire Nord/Sud, sous la direction du professeur Clint Bruce. Ce texte a été préparé par le Bureau de la recherche de l’Université Sainte-Anne, dont l’une des missions consiste à mettre de l’avant les chercheures et chercheurs de notre institution. 

Originaire de Clare, c’est en 2018 que Ramona a débuté son parcours à Sainte-Anne alors qu’elle a entamé un baccalauréat avec double majeure français et anglais. Durant ses études, elle s’est impliquée comme assistante de recherche auprès du Centre acadien lors de deux stages d’été en 2019 et 2020. Elle a travaillé plus particulièrement sur trois projets, soit 1) mise en valeur du patrimoine culturel et historique des Acadiennes et des Acadiens de la Nouvelle-Écosse par l’organisation et la numérisation de documents et de photos d’archives, 2) un appui à la recherche et la rédaction de contenu historique pour le jeu vidéo Clarevoyance et 3) la création d’outils visant à faciliter l’accès aux ressources en ligne. 

Déjà impliquée pour le journal de l’École secondaire de Clare, son expérience au Centre acadien cristallise un intérêt pour le travail de recherche et de rédaction, notamment afin de faciliter la communication des connaissances auprès de la communauté. En parallèle de ses études, Ramona a travaillé pour Le Courrier de la Nouvelle-Écosse en tant que journaliste et coordinatrice des médias sociaux et du développement communautaire, en plus d’appuyer des projets en édition et traduction. Passionnée d’histoire, de littérature et d’écriture, Ramona apprécie également passer du temps en nature en plus de mettre en valeur l’environnement et les gens qui l’entourent à travers la photographie et la rencontre. 

Engagée dans son milieu et sur le campus, elle a créé plusieurs initiatives pour sensibiliser à la douleur chronique et aux enjeux d’accessibilité et d’inclusion qui lui sont associés. En particulier, son projet des Jours de l’accès cherche à stimuler la discussion et la conversation afin de déstigmatiser et mettre en valeur l’expérience et le vécu des personnes en situation de handicap. Dans le cadre de l’Exposition photo-voix de l’Université Sainte-Anne de 2020, elle a aussi créé une affiche autour des enjeux d’accessibilité que peuvent vivre les étudiantes et étudiants dans les lieux publics, et elle a participé à la Annual Atlantic Undergraduate English Conference à l’Université Memorial (Terre-Neuve) en 2021 où elle a présenté sur les représentations de l’incapacité dans le poème “Disabled” de Wilfred Owen

Plus récemment, c’est auprès de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud que Ramona continue son travail de recherche, où elle a l’opportunité de s’impliquer sur plusieurs projets visant à mieux comprendre et mettre en valeur l’histoire, l’identité et le parcours des Acadiennes et des Acadiens. Entre autres, elle participe à l’organisation et au codage d’entretiens sur le parcours de la diaspora acadienne en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane, fouille les fonds et journaux d’archives de la Louisiane afin de suivre le parcours de personnes qui ont fui l’esclavage et soutient la collecte de données auprès des municipalités des provinces maritimes pour une recherche sur leurs jumelages municipaux respectifs. Elle assure également des entretiens oraux et des transcriptions auprès de personnes de la région qui ont des liens aux États-Unis dans le cadre du projet Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940)une initiative pancanadienne visant à mieux comprendre les migrations francophones dans l’histoire

À l’automne 2022, Ramona débutera une maîtrise en cultures et espaces francophones sous la direction de Chantal White, professeure au Département des études françaises. Elle s’intéressera plus particulièrement aux liens entre l’histoire, la langue et la santé dans les communautés acadiennes. À travers les récits des personnes qu’elle rencontrera, elle veut mettre en lumière les différentes expressions par rapport aux enjeux de santé selon la langue et la culture et voir si cela se traduit par des expériences différentes. 

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Du côté de l’Observatoire Nord/Sud : notre équipe est à l’œuvre ! («Au rythme de notre monde» dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, 1er juillet 2022)

Note : Cette chronique a été publiée simultanément dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, édition du 1er juillet 2022, sous la rubrique «Au rythme de notre monde».

Malgré une perception très répandue, le début de l’été ne signifie pas le début des vacances pour les universitaires. Celles-ci viendront plus tard… et seront très appréciées, assurément ! À l’heure actuelle, ce sont plutôt nos projets et partenariats de recherche qui ont la priorité à l’Observatoire Nord/Sud.

À titre de rappel pour le lectorat du Courrier, les initiatives de l’Observatoire Nord/Sud, centre qui se situe dans l’édifice de la Bibliothèque Louis-R.-Comeau de l’Université Sainte-Anne, à Pointe-de-l’Église, visent à jeter des éclairages nouveaux sur l’évolution de la diaspora acadienne et sur l’Acadie dans sa dimension internationale. Nos projets s’inscrivent dans les travaux de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT), établie en novembre 2015.

L’implication de nos étudiantes et étudiants étant l’un des moteurs de nos travaux, nous disposons en ce moment d’une équipe composée de trois jeunes personnes, et ce, grâce à une subvention d’Emplois d’été Canada. En plus de Karmen d’Entremont, étudiant à la maîtrise en Cultures et espaces francophones à Sainte-Anne et coordinateur de l’Observatoire Nord/Sud, et de Ramona Blinn, qui vient de décrocher son baccalauréat et qui s’apprête à intégrer le même programme de maîtrise, nous avons la chance de travailler avec Réanne Cooper, ancienne assistante de recherche de 2016 à 2019. Très impliquée dans la vie de notre institution, notamment en tant que présidente de l’Association des alumni de l’Université Sainte-Anne (AAUSA), et dans le milieu communautaire, Réanne est sur le point de terminer une maîtrise en administration à l’Université de Moncton. Sa présence constitue un atout.

Je profite de l’occasion pour saluer les contributions précieuses au cours des deux dernières années d’Audrey Paquette-Verdon, dont le stage s’est achevé à la fin avril. D’ici l’automne, ses efforts seront surtout consacrés à la rédaction de son mémoire en Cultures et espaces francophones. Bravo et bonne continuation, Audrey !

Même si la pandémie de COVID-19 demeure une réalité, le relâchement des restrictions sanitaires nous permet déjà de mieux renouer avec nos partenaires de l’extérieur. Il est plus que temps ! 

Le mois dernier, je me suis rendu au Nouveau-Brunswick pour une réunion avec la direction du Musée acadien de l’Université de Moncton, à laquelle participaient également Murielle Comeau-Péloquin, de la Société historique acadienne de la Baie Sainte-Marie, et Glenda Doucet-Boudreau, présidente de l’Association Madeleine-LeBlanc. Il s’agissait d’une séance de planification en vue d’une exposition pour mettre en valeur le vécu d’Acadiennes ayant émigré aux États-Unis au début du 20e siècle – histoire fascinante s’il en est. Prévue pour le Congrès mondial acadien 2024, cette initiative s’inscrit dans un projet plus vaste : Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord, 1640-1940.

Plusieurs étudiants mettent la main à la roue pour faire avancer notre recherche. Pour Karmen d’Entremont, c’est à travers ce projet qu’il s’est initié aux travaux de la CRÉAcT. « C’était un très bon point de départ, explique-t-il, car je peux maintenant étudier le phénomène de l’émigration vers la Nouvelle-Angleterre, quelque chose qui touche fortement ma famille. » Originaire de Par-en-Bas, Karmen est en train de numériser des photos prêtées par des membres de la communauté et par le Musée des Acadiens des Pubnicos et Centre de recherche.

Tout récemment, notre équipe est retournée à Moncton pour assister à un colloque sur le thème de « l’Acadie et les guerres mondiales (1914-18, 1939-45) », organisé par l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton, l’un de nos partenaires, en collaboration avec le Musée acadien et le Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson. En suivant l’approche d’une « université populaire » aux activités variées, cet événement aura offert une formation précieuse sur les sources documentaires et les méthodes d’enquête pour mieux saisir l’expérience d’Acadiens et d’Acadiennes en temps de guerre.

Nos stagiaires explorent les expositions qui ont été préparées à l’occasion de l’université populaire sur « l’Acadie et les guerres mondiales », à l’Université de Moncton. (PHOTO – CLINT BRUCE)

Plusieurs de nos projets en cours s’appuient justement sur des corpus documentaires que les membres de l’équipe sont en train de dépouiller et d’organiser. Ramona Blinn apprécie tout particulièrement « la transcription d’entretiens oraux et de documents d’archives en écriture cursive », ce qui lui fait découvrir leurs contextes respectifs. « J’aime observer et partager les vécus divers puis les manières de s’exprimer à différentes époques », affirme-t-il.

Avec Réanne Cooper, Ramona s’occupe également de mettre à jour nos données sur les jumelages de ville aux provinces maritimes, ce qui n’est pas une mince affaire : ces deux stagiaires sont en train de contacter toutes les municipalités des trois provinces maritimes, par courriel ou par téléphone, afin de déterminer s’il y a de nouveaux jumelages et, dans le cas de ceux déjà répertoriés, de demander quels échanges ont été menés dans la dernière année.

Réanne m’explique que, parmi les divers dossiers auxquels elle contribue, notre balado Acadiversité lui tient à cœur tout spécialement. En ce moment, elle collabore avec Karmen pour réaliser un épisode qui explorera l’expérience des prêtres venus d’Afrique pour exercer leur ministère en Acadie.

« En participant à ce projet, souligne Réanne, j’ai la chance de discuter avec des gens de la communauté de Clare, y compris les curés comme le père Hospice [Jurice Akoffodji], et du milieu universitaire tout en bonifiant mes compétences à mener des entretiens. »

En plus de nos projets de recherche, nous espérons relancer bientôt notre programmation pour accueillir plus d’activités et de réunions dans les locaux de l’Observatoire Nord. Nous avons reçu, il y a quelques jours, une délégation de la Société nationale de l’Acadie (SNA) qui, au cours de sa récente tournée de la Nouvelle-Écosse, est venue discuter avec des profs et étudiants de notre université.

Par ailleurs, à la veille de l’arrivée de ce groupe à la Baie Sainte-Marie, nos trois stagiaires avaient aidé au nettoyage de la Vieille Maison à Meteghan, cet ancien musée patrimonial qui fait actuellement l’objet d’une campagne en vue de sa réhabilitation.

Le lien avec la mission de l’Observatoire Nord/Sud ? Le fondateur de la Vieille Maison, c’est-à-dire le chorégraphe et instructeur de danse Adolphe Robicheau (1906-78), avait émigré à Boston dans sa jeunesse. En même temps qu’il développait sa carrière aux États-Unis, monsieur Robicheau tenait à contribuer au rayonnement de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse. Il y a là un fascinant parcours que l’intrépide Daniel Robichaud, l’un de nos partenaires communautaires, est en train de mettre au jour.

Et tout cela n’est que le début !

Nouvel épisode du balado ACADIVERSITÉ : Les traumatismes collectifs dans le folklore de la Louisiane francophone, AUX DIRES DE… Nathan Rabalais

Découvrez le sixième épisode du balado Acadiversité, une série de documentaires sonores réalisés par Studio N/S, l’unité audiovisuelle de l’Observatoire Nord/Sud de l’Université Sainte-Anne : Les traumatismes collectifs dans le folklore de la Louisiane francophone, AUX DIRES DE… Nathan Rabalais. Il s’agit d’un entretien avec Nathan Rabalais, auteur de l’ouvrage Folklore Figures of French and Creole Louisiana (Figures folkloriques de la Louisiane française et créole), paru en 2021 chez LSU Press, avec des dessins de l’artiste louisianais Jonathan Mayers, dit «Radbwa Faroush». Originaire de Eunice et de Lafayette (Louisiane), Nathan Rabalais est professeur d’études francophones à l’Université de Louisiane à Lafayette. Proche collaborateur de la CRÉAcT, notre invité s’intéresse, parmi d’autres thèmes, aux traces des traumatismes collectifs dans le répertoire folklorique (contes, chansons, etc.). Enregistrée sur le campus d’ULL, sa conversation avec le professeur Clint Bruce se focalise sur deux aspects du patrimoine oral, à savoir les effets de l’esclavage, d’une part, et la discrimination linguistique et culturelle subie par les francophones louisianais, d’autre part. 

Cliquez sur l’image pour écouter l’épisode.

À noter que nous inaugurons, avec cet épisode d’Acadiversité, un nouveau volet de notre balado, «Aux dires de…», une série de conversations avec des chercheur-e-s universitaires et avec des actrices/acteurs du milieu.

La lecture en créole louisianais du conte «Tortie» («La Tortue») a été enregistrée par Tiffany Guillory Thomas. Cette version a été recueillie à la fin du 19e siècle par le folkloriste louisianais Alcée Fortier auprès de Julia, résidente de La Nouvelle-Orléans, et publiée dans le recueil Louisiana Folk-Tales, in French Dialect and English Translation (1895). Les extraits de l’enregistrement de Revon Reed (1917-1994) proviennent du Fonds Barry-Jean-Ancelet, Center for Louisiana Studies (Université de Louisiane à Lafayette), numéro d’acquisition AN1.077.

Pour de plus amples renseignements sur Acadiversité, voir le site web de l’Observatoire Nord/Sud. Bonne écoute !

Nous sommes de retour ! Ou : après la grève, le beau temps…

Inutile de le nier : les sept dernières semaines ont été longues et pénibles. Pendant cette période, allant du jeudi 3 mars au jeudi 21 avril 2022, l’Association des professeurs, professeures et bibliothécaires (APPBUSA) de l’Université Sainte-Anne ont mené une grève – la première du corps professoral de l’Université Sainte-Anne, en 132 ans d’existence, et la deuxième si nous tenons compte de celle du corps étudiant de 1968, laquelle a sauvé notre institution. Ardue et très éprouvante pour nos étudiant-e-s, la nôtre n’était pas voulue – loin de là -, mais elle nous a semblé nécessaire afin de sortir d’une impasse au sujet de notre prochain contrat. (Pour en savoir plus sur les enjeux de ce conflit, voir ce reportage de Radio-Canada.) Après la tempête, le beau temps revient, si nous exceptons le décès inattendu d’un cher collègue, le professeur Jean Wilson, du Département d’études françaises.

Pendant ces sept semaines, longues et pénibles, les activités de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud ont été suspendues. Nous sommes de retour. Nos réunions d’équipe recommenceront. Nos initiatives médiatiques seront relancées, à commencer par le sixième épisode du balado Acadiversité : Les traumatismes collectifs dans le folklore de la Louisiane francophone, AUX DIRES DE… Nathan Rabalais. Reprendront aussi les rencontres avec nos partenaires, tant universitaires que communautaires. Nos prochaines activités publiques, en ligne et, un peu plus tard, sur place, seront bientôt annoncées.

Sachez, lectrices et lecteurs de ce blogue, que des lendemains merveilleux nous sont promis ici à l’Université Sainte-Anne, seul établissement postsecondaire francophone en Nouvelle-Écosse et, à certains égards, un microcosme de la francophonie. L’excellence et l’équité sont possibles ici, malgré et aussi à cause de notre petite taille. Notre spécificité, qui comporte des contraintes, certes, peut devenir le levier de notre épanouissement. C’est un immense honneur pour moi, en tant que titulaire de la CRÉAcT, directeur de l’Observatoire Nord/Sud et fier membre de l’APPBUSA, de faire partie de cette magnifique aventure.

M. Clint Bruce

Mois de l’histoire des Noirs : les Afro-Américains tenus en esclavage par une famille acadienne en Louisiane (dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, 25 février 2022)

Note : Cette série de deux chroniques a paru dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, éditions du 11 et 25 février 2022, sous la rubrique Au rythme de notre monde. Elles font état, pour un lectorat général, de l’avancement d’un projet de recherche de la CRÉAcT dont la première étape a fait l’objet d’un article publié en 2018 dans la revue Histoire engagée.

1ère PARTIE

Mo déjà roulé tout lakot,
Pencor war parèy bèl Layotte…

Ce sont là les paroles d’une chanson en langue créole qui, du temps de l’esclavage, aurait rythmé le travail des ouvriers captifs condamnés aux champs de canne à sucre du sud de la Louisiane. En lisant à haute voix, vous pourrez probablement, grâce à la proximité lexicale du français, saisir le sens de cet éloge d’une femme admirée, «la belle Layotte», auprès de qui l’on demande l’intervention d’un ami :

Jean Babèt, mô nami,
Si vou kouri par enho,
Vou mandé bèl Layotte,
Cado-la li té promi mwin.

Or, parmi les milliers de personnes tenues en esclavage qui auraient connu et chanté ces vers, toutes n’étaient pas nées en Louisiane et, pour un nombre considérable d’entre elles, le créole ou le français auraient été leur deuxième langue, apprise à la suite de leur arrivée d’un autre État, comme la Virginie ou la Caroline du Nord. À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, il s’agira dans cette série de deux chroniques de lever un coin de voile sur mes recherches en cours sur les victimes du commerce esclavagiste à l’intérieur des États-Unis, tout en rendant hommage à leur résilience et à leur courage.

Entre 1790, c’est-à-dire juste après l’adoption de la constitution américaine, et 1860, soit à la veille de la guerre de Sécession, près d’un million de femmes et d’hommes d’origine africaine furent transportés de force depuis le Haut Sud vers le Sud profond. Cette migration forcée a été stimulée par l’expansion des plantations de coton, à travers tout le Sud, et, en Louisiane, de l’industrie sucrière. D’ailleurs, l’interdiction de la traite esclavagiste transatlantique, à partir de 1808, eut pour conséquence d’encourager le trafic humain au sein du pays, faute de main-œuvre en provenance de l’Afrique.

À titre de comparaison, sur les 12 millions de femmes, hommes et enfants qui, entre le 16e et le 19e siècles, ont subi le «Passage du milieu»ou la pénible traversée de l’Afrique aux Amériques, un peu de moins de 400 000 d’entre elles et eux ont abouti en Amérique du Nord. Autrement dit, le marché intérieur aura bouleversé l’existence de plus de deux fois plus d’Afro-Américains que le commerce transatlantique, reconnu pourtant comme un crime contre l’humanité. Tant et si bien que les déplacements occasionnés par le marché national sont parfois qualifiés de «second Passage du milieu».

«Ce nouveau commerce interurbain était dominé par des entreprises permanentes bien organisées», explique l’historien Walter Johnson dans son ouvrage Soul by Soul: Life Inside the Antebellum Slave Market (1999).

Les esclaves étaient rassemblés à Baltimore, Washington, Richmond, Norfolk, Nashville et St-Louis, puis envoyés vers le Sud, soit par voie terrestre, attachés par des chaînes, soit par des voiliers longeant la côte ou bien par des bateaux à vapeur descendant le Mississippi. Ces esclaves étaient vendus sur les marchés urbains de Charleston, Savannah, Mobile, Natchez et surtout de La Nouvelle-Orléans. Contrairement à l’image populaire, la plupart de ces esclaves n’étaient pas vendus rapidement lors de grandes ventes aux enchères publiques, mais dans le cadre d’accords privés conclus dans les parcs à esclaves tenus par les marchands d’esclaves.

Ce commerce en est venu à constituer une pierre angulaire de l’économie du Sud et, par conséquent, du pays entier. Toutefois, l’aspect économique ne doit pas voiler la dimension humaine de ce drame effroyable.

Puisque La Nouvelle-Orléans servait de plaque tournante de ce réseau, un certain nombre de ces Afro-Américains étaient destinés à des plantations appartenant à des familles d’origine acadienne. Mon projet de recherche explore le cas de la plantation C. P. Melançon et Cie, située dans la paroisse St-Jacques, entre Bâton-Rouge et La Nouvelle-Orléans. Cette habitation sucrière fut reçue en héritage par Constant Paul Melançon et ses frères et sœurs, tous enfants de Joseph Melançon fils (1788-1833), mort lors d’une épidémie de choléra, et Constance LeBlanc (1794-1856).

Ce qui a attiré mon attention sur cette famille et sur les gens esclavagisés sur leur plantation, c’est un fait divers sur lequel je suis tombé, par pur hasard, en feuilletant l’un des vieux journaux de la Louisiane francophone : en juillet 1858, Constant Melançon fut tué par Toussaint, l’un de ses esclaves qui avait grandi à ses côtés. Cet incident montre bien à quel point le système esclavagiste pouvait engendrer des formes de résistance, jusqu’au rejet violent de cette condition inacceptable.

À deux reprises, les Melançon avaient eu recours aux marchands d’esclaves de La Nouvelle-Orléans pour grossir les rangs de leurs ouvriers captifs, artisans et travailleurs agricoles. En janvier 1831, Joseph Melançon avait fait l’acquisition de huit jeunes hommes; bien plus tard, en 1853, quatre de ses fils allaient acheter huit autres hommes au moment de s’associer en tant que partenaires. En Louisiane francophone, ces Noirs provenant d’autres régions des États-Unis portaient la désignation «d’Américains», par opposition aux Créoles nés en Louisiane.

Un récent voyage de recherche aux États-Unis m’a donné l’occasion de me lancer sur les traces du premier groupe. Le contrat qui se trouve aux archives notariales de La Nouvelle-Orléans révèle que ces huit hommes et adolescents ont été vendus par un James Huie, résident du comté de Rowan en Caroline du Nord. Ils s’appelaient Abraham (19 ans), Allen (16 ans), Ben (14 ans), Booker (19 ans), Calton (19 ans), Ralph (16 ans) et Tom (18 ans). Leur expérience nous permettra de mieux comprendre l’interaction entre la diaspora acadienne en Louisiane, parmi laquelle l’esclavagisme s’était généralisé, et la diaspora africaine en Amérique du Nord.

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