Tout le monde est invité ! 9 février 2022 : «Les Acadiennes louisianaises du Sacré-Cœur de Jésus, entre interculturalité et mobilité interrégionale», conférence de Clint Bruce

Tout le monde est invité à assister à une conférence publique du professeur Clint Bruce, le 9 février 2022 à 19h00 (Atlantique) : «Les Acadiennes louisianaises du Sacré-Cœur de Jésus, entre interculturalité et mobilité interrégionale». Cette activité est organisée par le Groupe de recherche sur les archives et les femmes en Acadie (GRAFA), en collaboration avec l’Observatoire Nord/Sud. Voici le lien Zoom pour accéder à la conférence : https://us02web.zoom.us/j/88042581625?pwd=emdoOUl0NFZBZS81L0Z4RC82TzQ2QT09 

Résumé : La perception de la société cadienne nous renvoie constamment à des stéréotypes : trappeurs évoluant dans un décor exotique, bons vivants ne faisant qu’attendre le Mardi gras et ainsi de suite. Cette conférence a pour but de révéler une autre facette de la diaspora acadienne en Louisiane, celle de l’expérience des femmes ayant choisi la vocation religieuse au 19e siècle. Au cœur de cette recherche se trouve l’autobiographie de Marie-Désirée Martin (1830-77), intitulée : Les Veillées d’une sœur, ou le destin d’un brin de mousse (1877). Arrière-petite-fille d’Acadiennes et d’Acadiens déportés, l’auteure se réfère à la mémoire de ses ancêtres – féminines, surtout – pour donner sens à son propre vécu, notamment à sa décision de quitter l’ordre religieux qu’elle avait rejoint à l’âge de 16 ans, la Société du Sacré-Cœur de Jésus, une congrégation française établie en Amérique dès 1818. Une autre dimension saisissante du récit de Martin concerne les personnes tenues en esclavage par sa famille, qu’elle évoque avec tendresse tout en déplorant les injustices que ces premières ont subies. À partir d’un examen des collections pertinentes du centre d’archives du Sacré-Cœur à Saint-Louis (Missouri), il s’agira de comparer la trajectoire de Martin à celles d’autres Acadiennes louisianaises au sein de la Société du Sacré-Cœur. Deux aspects seront abordés : les rapports interculturels, y compris les interactions entre les religieuses et les personnes tenues en esclavage par la congrégation, d’une part, et la mobilité continentale et transnationale des religieuses, d’autre part.

Cette recherche s’inscrit dans le cadre de l’initiative Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord, 1640-1940.

Clint Bruce est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT) à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, où il enseigne au Département des sciences humaines. Il y est également directeur de l’Observatoire Nord/Sud, centre de recherche rattaché à la CRÉAcT, et codirecteur de la revue Port Acadie. Ses recherches portent sur la diaspora acadienne, sur la Louisiane francophone et sur le monde atlantique. Son livre Afro-Creole Poetry in French from Louisiana’s Radical Civil War-Era Newspapers: A Bilingual Edition (The Historic New Orleans Collection, 2020) a remporté le prix Lois-Roth pour la traduction littéraire, décerné par la Modern Language Association. 

Quand les morts s’adressent aux vivants… (Compte rendu de M. Daggett, Spiritualism in Nineteenth-Century New Orleans: The Life and Times of Henry Louis Rey (Jackson, University Press of Mississippi, 2017)

Nous faisons part aux lectrices et lecteurs de ce blogue de notre compte rendu de l’ouvrage de Melissa Daggett, Spiritualism in Nineteenth-Century New Orleans: The
Life and Times of Henry Louis Rey (Jackson, University Press of Mississippi, 2017). Cette recension a paru l’an dernier dans la Revue d’histoire de l’Amérique française. Le sujet de cette étude autobiographique, à savoir le Créole néo-orléanais Henry Louis Rey, militant des droits civiques à l’époque de la Reconstruction en Louisiane, a signé plusieurs textes qui figureront dans notre livre à paraître chez The Historic New Orleans Collection, Afro-Creole Poetry in French from Louisiana’s Radical Civil War-Era Newspapers: A Bilingual Edition.

L’abandon des religions traditionnelles en faveur de croyances alternatives est loin d’être l’apanage de la postmodernité. Au XIXe siècle, alors que les sociétés occidentales composent avec les effets de l’industrialisation et les chocs des révolutions démocratiques, une «nouvelle religion» déferle sur l’Europe et les États-Unis: le spiritisme ou spiritualisme. La communication 2019-10-10_Daggettavec les esprits des trépassés, qui s’expriment à travers des médiums, constitue sa principale pratique, associée au radicalisme des abolitionnistes, féministes et autres réformateurs. Dans les États esclavagistes, la relation entre spiritisme et radicalisme limite l’implantation de ce phénomène. En Louisiane, cependant, ce mouvement trouve des adeptes parmi la population créole de La Nouvelle-Orléans, notamment chez les gens libres de couleur, victimes de discrimination raciale. Concis mais très soigné, cet ouvrage de Melissa Daggett, professeure d’histoire américaine au San Jacinto College (Texas), explore les résonances idéologiques du spiritualisme des Créoles progressistes en retraçant la vie d’Henry Louis Rey (1831-1894), militant des droits civiques à l’époque de la guerre de Sécession et de la Reconstruction.

L’approche micro-historique fait l’originalité et la richesse de cette étude qui approfondit des voies ouvertes par Caryn C. Bell (1997), Sheri Abel (2009) et, plus récemment, par Emily S. Clark (2016). Bien que Rey ne soit pas un acteur majeur des événements de son temps, il aura joué un rôle digne de mention. Capitaine au sein de la première unité noire de l’armée américaine, il est ensuite élu à la législature de l’État de la Louisiane avant d’œuvrer à l’intégration raciale des écoles. Né dans une famille originaire de Saint-Domingue, il découvre son don de médium à la fin des années 1850. À Rey et à ses camarades, les messages parvenus d’outre-tombe – aussi bien de leurs proches que de Toussaint Louverture, d’Abraham Lincoln ou de Vincent de Paul – procurent réconfort spirituel et direction idéologique pendant près d’une trentaine d’années
de combats politiques menés par l’élite francophone de couleur.

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