D’ici le 22 février, une occasion en or de sauver un bijou du patrimoine acadien

C’est une occasion qui vaut son pesant d’or, sinon plus : en votant en ligne une fois par jour jusqu’au mercredi 22 février, nous pouvons assurer l’avenir d’un trésor du patrimoine bâti en Acadie, c’est-à-dire La Vieille Maison à Meteghan, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il s’agit d’une des plus vieilles structures d’après-Déportation, une demeure dont les parties les anciennes remontent à la fin du 18e siècle. La Vieille Maison fait partie d’une liste de dix sites sélectionnés comme finalistes du concours Le Beau Sauvetage, organisé par la Fiducie nationale du Canada avec l’appui d’Assurances ecclésiastique. Le site gagnant bénéficiera d’un prix de 50 000 $. Abandonnée depuis quelques années avant de susciter l’intêt d’un groupe local, La Vieille Maison a besoin de travaux de restauration et de rénovation en vue de sa relance comme musée et centre interprétatif.

Avant de lire une ligne de plus, allez voter ici, sur le site du concours, puis continuez de voter tous les jours pendant qu’il reste du temps !

Le concours s’est ouvert le 20 janvier dernier. Seul finaliste en Nouvelle-Écosse, le site de Meteghan se maintient en deuxième position grâce à l’enthousiasme grandissant de la population et une attention médiatique marquée. Et voilà qu’arrive une superbe nouvelle : la Fiducie nationale vient d’annoncer un deuxième prix de 10 000 $ ! C’est donc le moment de rassembler les voix de l’Acadie, de l’ensemble des provinces Maritimes et de nos amis de partout dans le monde pour contribuer à la sauvegarde de La Vieille Maison.

En plus de son importance patrimoniale, l’histoire de La Vieille Maison s’enrichit de celle de son fondateur, Adolphe Robicheau (1906-1978). Natif de la Baie Sainte-Marie, il a grandi au Massachusetts où il est devenu un danseur et chorégraphe de renommée internationale. Mais Adophe Robicheau n’a jamais oublié sa communauté d’origine ni son héritage acadien. Le site du concours explique :

Le musée était le projet passionné d’Adolphe Robicheau (1906-1978), né au Canada, célèbre maître de ballet de Boston et membre de la communauté LGBTQIA+. Alors que sa flamboyance aurait pu le faire évincer dans de nombreux milieux, il passait ses étés ici à produire des pièces de théâtre et à travailler sur son musée, dont il était le conservateur avec son partenaire Arthur Vaillancourt.

Entre 1958 et le début des années 2000, La Vieille Maison a existé comme musée et centre d’animation. La restaurer et la relancer, c’est aussi rendre hommage à Adolphe Robicheau, dont la vie et les réussites sont mises en lumière grâce aux recherches passionnantes de Dan Robichaud, militant culturel et secrétaire de la Société La Vieille Maison. Notre camarade vient de signer une chronique dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse où il raconte le tollé qu’a suscité en 1943-44 l’ouverture de l’école de danse de Robicheau dans le quartier de Beacon Hill à Boston, l’un des coins les plus huppés de la ville…

Pour ma part, je suis fier de m’associer à la Société La Vieille Maison en tant que membre du comité et à titre de professeur à l’Université Sainte-Anne, spécialiste de la diaspora acadienne et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales. Quoi qu’il advienne du concours Le Beau Sauvetage, nous n’aurons pas fini d’entendre parler de La Vieille Maison et de l’histoire d’Adolphe Robicheau !

M. Clint Bruce

Immigrants acadiens d’Argyle en Nouvelle-Angleterre et leur attachement au pays d’origine (Carmen d’Entremont)

Carmen d’Entremont est stagiaire postdoctorale à l’Observatoire Nord/Sud dans le cadre de l’initiative Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord et collaboratrice au projet Repenser l’Acadie dans le monde.

Entre le milieu du 19e siècle et la Seconde Guerre mondiale, 900 000 Canadiens français et plusieurs milliers d’Acadiens des Maritimes émigrent aux États-Unis. Lié à l’industrialisation, ce mouvement migratoire marquera l’histoire de l’Amérique française. Dans la région acadienne d’Argyle, au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ce sont des pêcheurs en quête de nouvelles opportunités qui amorcent l’émigration, contrairement au Québec où, aux débuts, la population migrante est majoritairement constituée d’agriculteurs endettés. C’est à partir de 1871, un peu plus tard qu’au Québec, que l’immigration acadienne prend de l’ampleur. Si on a beaucoup étudié l’émigration des Canadiens français aux États-Unis, l’expérience acadienne a attiré moins d’attention des chercheurs.

Au cours des années 1980 et 1990, Claire Quintal, directrice-fondatrice de l’Institut français du Collège de l’Assomption au Massachusetts, organisait une dizaine de colloques afin de promouvoir une meilleure connaissance de la francophonie nord-américaine. Les actes rassemblent une quantité impressionnante de connaissances. Les articles portant sur l’émigrant acadien examinent notamment les causes du mouvement et ses effets sur la démographie, les interventions de l’élite, le patrimoine folklorique et la survivance du peuple émigré. Parmi les études effectuées à cette époque, celle de Laura Sadowsky sur les Acadiens de Chéticamp à Waltham est la plus approfondie. Sadowsky démontre que l’implication d’institutions francophones comme la paroisse et la French cluba favorisé la préservation du folklore aux États-Unis. Selon elle, c’est en faisant appel à la chanson et à la danse que les immigrants ont réussi à maintenir leur identité ethnique. Plus récemment, quelques universitaires ont analysé la participation des femmes à ce mouvement migratoire. Plusieurs aspects de l’exode restent inexplorés.

Le texte que je rédige pour le collectif Repenser l’Acadie dans le monde vise à cerner ce qui reste de l’acadianité chez une douzaine de descendants d’immigrants acadiens d’Argyle ayant vécu en Nouvelle-Angleterre pendant un minimum de 20 ans, et à saisir les moyens employés pour entretenir un sentiment d’appartenance. L’étude s’appuie sur un corpus d’entretiens constitué dans le cadre du projet « Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord », dirigé par l’historien Yves Frenette. Ici, je jetterai un coup d’œil sur les liens affectifs maintenus avec le lieu d’origine, notamment l’attachement à la Nouvelle-Écosse, un thème souvent évoqué lors des entretiens.

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