Invitation, 10 septembre 2023 : Lancement de la revue Port Acadie, «Femmes et archives en Acadie» (nos 36-37)

Le dimanche 10 septembre, à 14h00 (Atlantique), la revue Port Acadie célébrera la sortie d’un numéro double consacré au thème des « Femmes et archives en Acadie », sous la direction d’Isabelle LeBlanc, professeure adjointe au Département d’études françaises de l’Université de Moncton, et en collaboration avec le Groupe de recherche sur les archives et les femmes en Acadie, ou GRAFA. Le lancement aura lieu dans les locaux de l’Observatoire Nord/Sud de l’Université Sainte-Anne (2e étage de la Bibliothèque Louis-R.-Comeau) et sera également diffusée sur Zoom (LIEN ICI). Tout le monde est invité !

Ce double numéro thématique réunit 13 articles scientifiques, relevant de plusieurs disciplines dont l’histoire, la sociolinguistique, le folklore et les études littéraire, en plus d’une introduction signée par Isabelle LeBlanc. Celle-ci explique que le fil conducteur de cette publication consiste à sortir les femmes de l’invisibilité dans laquelle elles ont été traditionnellement confinées, et ce, « afin de mieux appréhender la place des récits individuels dans notre compréhension du monde social ». Il s’agit d’un tournant marquant et prometteur en études acadiennes.

Fondée en 2001, la revue Port Acadie se veut un havre qui accueille différentes perspectives en études acadiennes, dans toutes les disciplines et dans toute leur diversité. Elle est dirigée par Clint Bruce, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales, et son comité de rédaction est composé de Susan Knutson, Chantal White, Tania Grégoire et Judith Patouma.

TABLE DES MATIÈRES – Port Acadie, nos 36-37 (printemps-automne 2022),

Introduction – « Femmes et archives en Acadie : valoriser les traces matérielles de femmes dans une perspective interdisciplinaire et bilingue », Isabelle LeBlanc

Partie 1 – Femmes et archives : construction et traitement à partir des collections acadiennes

  • « Femmes et archives : une approche auto-ethnographique », Phyllis LeBlanc
  • « Invisible dans l’histoire : réflexions sur les femmes acadiennes dans les collections du Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson et du Musée acadien de l’Université de Moncton », Estelle Dupuis, Jeanne-Mance Cormier et Christine Dupuis
  • « “ Dans ce temps-là […] les petites filles n’avaient pas le droit de faire comme les petits garçons” : analyse genrée des archives de folklore du Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson, Mathieu T. Martin

Partie 2 – Affects et intersubjectivité dans les archives de femmes en Acadie

  • « Le travail domestique, les recettes et la reproduction de l’identité ethnique acadienne », Katie K. MacLeod
  • « Féminisation d’un discours public sur la langue à Moncton entre 1947-1965 : les traces archivistiques d’une honte linguistique », Isabelle LeBlanc
  • « Incarner les récits de la Boîte aux lettres : mettre en oeuvre des archives personnelles pour se raconter », Eugénie Tessier
  • « DÉ-GÉNÉRATION-ELLES — trauma et transmission intergénérationnelle : un projet photographique artistique à partir des archives des rescapées du génocide arménien », Lucia Choulakian

Partie 3 – Traces littéraires et sources mémorielles de femmes au Canada

  • « Hétérogénéité, transgressions et hospitalité. Des frontières de l’étrange(r) chez Antonine Maillet », Corina Crainic
  • « De Sillery à l’Acadie : la trajectoire de l’écrivaine acadienne Huguette Légaré. Poèmes de jeunesse et lettres de sa mère », Benoit Doyon-Gosselin et Isabelle Blais
  • « Female Authorship, Incomplete Archives, and the Periodical Press in Nineteenth-Century Montreal: The Case of Rosanna Mullins Leprohon », Andrea Cabajsky

Partie 4 – Relations sociales et parcours migratoires de femmes (18e-20e siècles)

  • « Les mondes enfouis d’Anne Suzanne Richard. Une marge d’autonomisation féminine après la Déportation (1785-1789) », Adeline Vasquez-Parra
  • « Vers une reconstitution de la mobilité des Acadiennes à l’époque de l’industrialisation : l’émigration familiale et l’exode rural vus à travers l’analyse longitudinale », Lauraly Deschambault, Noémie Haché-Chiasson et Gregory Kennedy
  • « Les Acadiennes louisianaises de la Société du Sacré-Coeur de Jésus, entre interculturalité et mobilité interrégionale », Clint Bruce

Femmes et archives en études acadiennes : appel de textes pour un numéro spécial de la revue Port Acadie

Femmes et archives en études acadiennes : appel de textes pour un numéro spécial de la revue Port Acadie (nos 36-37)

Dans ce numéro thématique, l’intersection « femmes et archives » sera examinée en tant qu’objet transversal et transdisciplinaire en études acadiennes permettant de rassembler des perspectives variées et de croiser différents regards à partir de sources matérielles de femmes. L’objectif principal sera de mieux appréhender la place des récits individuels dans notre compréhension du monde social. Que ce soit des études consacrées à la presse féminine, aux journaux intimes de femmes, aux pratiques linguistiques de femmes, aux correspondances de celles-ci, aux objets et rites, aux mobilités sociohistoriques, aux différentes formes d’intimités, aux formes de création artistique et littéraire, le pluralisme des vécus permettra de nuancer et enrichir notre compréhension de ce que constituent les vies de femmes, y compris de femmes minorisées et/ou racisées. Les études permettant des comparaisons avec d’autres sociétés sont les bienvenues.

Les récits individuels de femmes sont, en quelque sorte, des portraits performatifs (dans le sens de « doing gender ») qui permettent de contrer les perceptions socio-dominantes qui essentialisent les femmes comme des figures interchangeables participant au même groupe homogène. L’hétérogénéité des vécus individuels permettra d’examiner différents exemples (qui ne se veulent ni exhaustifs ni généralisables) de ce que constitue des vies de femmes d’hier à aujourd’hui. Le rapport entre les individus et la société sera au cœur de ce numéro en faisant valoir la pertinence des recherches en archives pour multiplier les récits de femmes et ainsi contrer l’idée reçue selon laquelle l’histoire des femmes est singulière.

Les propositions (300 mots) doivent parvenir à isabelle.leblanc@umoncton.ca avant le 1er avril 2021. Les manuscrits (6 500 mots) doivent être soumis au plus tard le 1er septembre 2021.

VITE! VITE! ALLEZ LIRE!… Les lettres fantômes du Grand Dérangement, retrouvées par Jean-François Mouhot

Pour mieux comprendre l’Acadie et sa situation en contexte mondial, il existe beaucoup de textes qu’ il est possible de consulter gratuitement. Pendant la pandémie de COVID-19, les revues savantes et maisons d’édition font des efforts pour rendre encore plus accessibles ces ressources afin de mettre le savoir à la portée de tout le monde. Dans cet esprit-là, la CRÉAcT signalera à tous les deux vendredis un article ou un livre en études acadiennes ou bien dans un domaine connexe. Cette initiative s’intitule : Vite! vite! allez lire…

Pendant longtemps, les voix et les perspectives des Acadiennes et Acadiens dispersés pendant le Grand Dérangement nous ont semblées plus ou moins inaccessibles. Certes, il y avait des documents à caractère officiel, notamment des pétitions réclamant de meilleures conditions. Pour précieux qu’ils soient, ces textes demeurent d’une portée limitée. Les spécialistes savaient pourtant qu’une abondante correspondante entre les exilés avait eu lieu pendant ces années terribles. À la différence des pétitions, ces lettres pouvaient jeter un éclairage sur les rapports entre des membres de familles et de communautés très éloignés les uns des autres, à la faveur des réseaux de communication du monde atlantique. Où étaient-elles?

C’est à l’historien français Jean-François Mouhot que revient l’honneur d’avoir retrouvé et réuni un certain nombre de ces «lettres fantômes» enfouies dans les archives françaises. Auteur de l’ouvrage Les réfugiés acadiens en France, 1758-1785 – L’impossible réintégration? (Septentrion, 2009), Mouhot a eu l’heureux réflexe de mettre ses sources documentaires à la disposition du public. En plus d’une base de données consultable, plus d’une quinzaine de ces lettres ont été reproduites dans deux articles parus dans la revue Acadiensis (cliquez sur le titre pour accéder au texte) :

Cette dernière trouvaille, c’est-à-dire la lettre écrite par un jeune Acadien qui venait d’arriver en Louisiane, en dit long sur les espoirs des réfugiés de refaire leur vie dans cette terre d’accueil sous l’égide de la couronne espagnole. En voici un extrait :

La terre rapporte ici tout ce que l’on y veut semer. Blés de France, mahy et riz, patates, giraumont, pistaches, toutes sortes de légumes, lin, coton. Il n’y manque que du monde pour le cultiver. On y fait de l’indigo, du sucre, des oranges, et des pêches y viennent comme les pommes en France. On nous concède 6 arpents aux gens mariés et 4 et 5 aux jeunes gens, ainsi on a l’avantage, mon cher père, d’être sur sa terre, et de dire j’ai un chez moi. Le bois y est très commun, on en fait un grand commerce, pour les constructions et pour les bâtiments des maisons au cap et autres îles. Une personne qui veut s’adonner au bien et mettre sa peine sera à son aise en peu d’années. C’est un pays immense, vous pouvez y venir hardiment avec ma chère mère et toutes les autres familles acadiennes. Ils seront toujours mieux qu’en France. 

Bonne lecture et bonnes découvertes !

M. Clint Bruce

Image de la couverture : Dessin tiré du livre Lonely Ships and Lonely Seas par Ralph Paine. Dessins de George Avison. The Century Co., New York, 1921. P. 384.