Un bond vers la francophonie, à partir d’Haïti : entretien avec Nazaire Joinville, stagiaire à lObservatoire Nord/Sud

Depuis la rentrée de septembre, l’équipe de l’Observatoire Nord/Sud compte un nouveau membre en la personne de Jean Junior Nazaire Joinville, originaire d’Haïti et étudiant du programme de maîtrise en Cultures et espaces francophones à l’Université Sainte-Anne. Journaliste à ses heures, Nazaire signe désormais des articles et des chroniques dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse. Il explique ici son parcours ainsi que son intérêt pour les études francophones.

Vous êtes originaire d’Haïti. Quel a été votre cheminement éducatif et professionnel jusqu’ici ?
En Haïti, après la fin de mes études classiques en 2008, j’ai décroché un diplôme en journalisme et un baccalauréat en communication sociale à l’Université d’État d’Haïti. J’enseignais pendant environ 14 ans au niveau secondaire, professionnel et à l’école normale. Si l’enseignement était ma principale activité professionnelle, j’écrivais aussi des articles pour différents médias dont Ayibopost. Faire une maîtrise et un doctorat au Canada était toujours mon rêve. Me voici ici en train de le concrétiser.  

Qu’est-ce que vous allez étudier dans le cadre de la maîtrise en Cultures et espaces francophones ? et dans quel but ?
Mes projets de recherche portent toujours sur la musique haïtienne. J’ai réalisé mon mémoire de baccalauréat sur le sujet qui suit : «L’alternance codique dans le Compas : étude sur la réception des chansons à succès d’Arly Larivière chez les amateurs de musique en Haïti». Le compas, c’est l’un des genres musicaux les plus populaires dans notre pays. Aujourd’hui, pour la maîtrise, je compte faire une étude sociolinguistique sur la place du français dans la musique haïtienne.   

Il y a un rapport complexe à la langue française en Haïti, où le créole est la véritable langue de la population. Comment expliquer votre intérêt pour les questions liées à la francophonie ?
Autrefois je n’aimais pas le français comme langue, encore moins la francophonie. Toutefois, au début des années 2010, brusquement, mon amour pour cette langue et cette culture commençait à grandir, ce qui m’a poussé à fréquenter l’Institut français en Haïti. Aujourd’hui, outre la francophonie, les rapports que développent les pays francophones avec les autres pays ayant d’autres langues m’interpellent aussi. Je ne sais pas d’où vient cet amour, mais je sais où il peut m’emmener !

Arrivé depuis peu en Nouvelle-Écosse, vous semblez porter un grand intérêt au milieu d’ici. Quels sont vos impressions à ce stade ?
Je pense que le Canada en général et la Nouvelle-Écosse en particulier offrent beaucoup d’avantages à des gens comme moi. Je rencontre des personnes accueillantes en Nouvelle-Écosse qui me permettent de m’adapter promptement. J’ai l’impression que je suis chez moi. Je souhaite rester ici pendant longtemps. 

Dans quelle mesure est-ce que ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud contribuera à votre développement professionnel ?Ce poste au sein de l’Observatoire Nord/Sud me sera très utile. Outre l’expérience qu’il me donnera sur le plan professionnel, ce poste me permettra aussi de développer mes capacités en qualité de chercheur. Travailler dans un centre de recherche au Canada n’est pas une mince affaire. Je souhaite combiner mon savoir-faire et mon désir de bien faire afin de bien réaliser cette tâche.  

Qu’est-ce que vous aimez faire comme passetemps ? Quels sont vos autres intérêts intellectuels ?
Comme passe-temps je lis beaucoup et j’écoute de la bonne musique à savoir le Compas et les chansonnettes françaises et anglaises. Sur le plan intellectuel, d’une part, je compte décrocher un doctorat en sciences du langage ou en communication et d’autre part, enseigner au niveau post-secondaire et réaliser de grandes recherches.

Merci beaucoup, Nazaire, et bonne continuation !

Scène de rue en Haïti. (Crédit photo : Alex Proimos. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Haiti_(7810874424).jpg / Image disponible sous la licence Creative Commons 2.0)

À vos plumes ! Appel à textes de création pour la revue Port Acadie (15 janvier 2023)

La revue Port Acadie comprend désormais un volet « Création littéraire ». À l’image du titre de la revue, cette section se veut un port, accueillant des autrices et des auteurs de tous les horizons de l’Acadie et de sa diaspora. Nous acceptons des textes inédits de tous les types de formes brèves (poésie, nouvelle, conte, etc.), tant des artistes de la relève que des écrivaines et écrivains d’expérience. Se voulant le reflet de la diversité et de la richesse de l’Acadie, le volet invite la soumission d’œuvres en français, en langue Mi’gmaq, en anglais et en créole louisianais ainsi que d’œuvres multilingues.

C’est dans cet esprit que nous recevrons avec plaisir des soumissions de textes de création pour le numéro 38 de Port Acadie. Les textes destinés au numéro du printemps 2023 devront nous parvenir d’ici le 15 janvier 2023 et devront être accompagnés d’une notice bio-bibliographique d’une soixantaine de mots. Veuillez faire parvenir vos soumissions à l’adresse suivante : port-acadie@usainteanne.ca.

À vos plumes !

Album photos : Le troisième Grand Réveil Acadien en Louisiane, entre souvenir collectif et commémorations communautaires

«Au rythme de notre monde» dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, 14 octobre 2022 – De quelle présence est-ce que la diaspora acadienne jouit dans la Louisiane d’aujourd’hui ? Comment ravive-t-elle ses liens avec l’Acadie de l’Atlantique ? Au moment d’écrire ces lignes, je me trouve au centre-ville de Lafayette, où vient de se clore le Grand Réveil Acadien (GRA), une série de rassemblements qui se sont déroulés du 1er au 9 octobre en Louisiane, cet État à l’héritage francophone toujours vivace.

Entre les commémorations et les célébrations de ces derniers jours, où la nourriture occupe certes une place prépondérante (et loin de moi de m’en plaindre !), la question du sens de l’identité acadienne en Louisiane continue de se poser.

Cet événement se veut une « célébration internationale […] de la langue, de la musique, de l’histoire, de la culture et de l’influence du peuple acadien au cœur de l’Acadiane », c’est-à-dire de la zone formant le « triangle français » allant des paroisses près de la Nouvelle-Orléans jusqu’à la frontière du Texas, et s’étendant vers le nord jusqu’au centre de l’État. LIRE LA SUITE ICI. 

Album photos du Grand Réveil Acadien 2022

M. Clint Bruce

Appel à communications, colloque étudiant – «Être francophone : langue, identité et transformation sociale»

Un appel à communications est lancé pour le colloque étudiant pluridisciplinaire, « Être francophone : langue, identité et transformation sociale », qui aura lieu à l’Université Sainte-Anne (Pointe-de-l’Église, Nouvelle-Écosse, Canada), le samedi 4 mars 2023.

Être francophone : qu’est-ce que cela signifie dans un monde qui devient de plus en plus complexe ? Qui sont les personnes qui peuvent et qui veulent se rassembler sous cette bannière, et pour quelles raisons ? Quel rôle la francophonie sera-t-elle appelée à jouer pour relever les grands défis mondiaux et locaux auxquels notre planète est confrontée ?

Ce colloque étudiant explorera la relation entre langue, appartenance et transformation sociale. La langue française dans divers contextes peut rassembler, diviser ou construire. Elle servira de facteur d’appartenance ou d’exclusion. Les francophones – au pied de la lettre, des personnes qui parlent français – doivent lutter nécessairement pour des transformations sociales, souvent liées à des questions de diversité. Les apprentissages partagés par les francophones pourront contribuer à la société non francophone ainsi qu’aux processus de transformation sociale.

Les communications peuvent explorer les questions suivantes, par exemple :

  • Quels sont les efforts qui ont été réalisés pour créer des milieux inclusifs où les francophones peuvent avoir un sens d’appartenance ?
  • Quel rôle joue la langue française, selon le milieu dans lequel nous vivons et notre identité ?
  • Est-ce qu’il y a une culture commune qui nous réunit, à part la langue française ?
  • Quels critères nous distinguent comme francophones ?
  • Quelle est l’expérience vécue en tant que minorité linguistique au Canada ? (p. ex. : soins de santé, éducation, tribunaux, représentation médiatique)

Les chercheur·e·s étudiant·e·s en fin de baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat, sont invité·e·s à soumettre leur proposition de communication à notre responsable des communications, Ramona E. Blinn (Ramona.Blinn@usainteanne.ca) avant le 19 décembre 2022. Prière de préciser dans l’objet du courriel : Colloque étudiant – communication.

Merci de fournir les informations suivantes:

  • Coordonnées de l’auteur·e (nom, prénom, fonction, établissement/organisation et adresse courriel),
  • Titre de la communication,
  • Résumé (environ 250 mots),
  • Courte biographie de l’auteur·e (environ 50-75 mots).

Nous explorons la possibilité d’une publication à la suite du colloque.

Ce colloque étudiant est organisé par les étudiant-e-s à la Maîtrise en cultures et espaces francophones de l’Université Sainte-Anne, en collaboration avec l’Observatoire Nord/Sud.

Diversity and inclusion in Acadie and in Acadian studies: Call for papers for the journal Port Acadie (February 1, 2023)

While the Acadian experience has always been characterized by plurality, due to the historical dispersal of communities, contemporary Acadie increasingly embraces the values ​​of diversity and inclusion. In the same spirit, our journal, true to its name, aims to be a haven that welcomes different perspectives in Acadian studies, in all disciplines and on a wide variety of issues. How has diversity shaped and how does it continue to shape Acadian society as well as the diaspora? How can we make inclusion a fundamental principle of Acadian studies?

In order to better understand these questions, we welcome submissions for issue 39 of Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, to be published in the fall of 2023. Port Acadie publishes refereed work (in French or in English) – scholarly articles and research notes – as well as essays (in French or in English), reviews of scholarly and literary publications, interviews and creative texts. Manuscripts for the Fall 2023 issue should be received by February 1, 2023.

For more information, see our website or write to us at the following address: port-acadie@usainteanne.ca

Diversité et inclusion en Acadie et en études acadiennes : appel à contributions pour la revue Port Acadie (1er février 2023) 

15 septembre 2022 – Alors que l’expérience acadienne s’est toujours caractérisée par la pluralité, du fait notamment de la dispersion historique des communautés, l’Acadie contemporaine assume de plus en plus les valeurs de diversité et d’inclusion. Dans ce même esprit, notre revue, fidèle à son nom, se veut un havre qui accueille différentes perspectives en études acadiennes, dans toutes les disciplines et sur une grande variété de problématiques. Comment la diversité a-t-elle façonné et continue-t-elle de façonner la société acadienne ainsi que la diaspora ? Comment faire de l’inclusion un principe fondamental des études acadiennes ?  

Afin de mieux cerner ces questions, nous recevrons avec plaisir des soumissions pour le numéro 39 de Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, à paraître à l’automne 2023. Port Acadie publie des textes arbitrés (en français ou en anglais) – études scientifiques, notes de recherche – ainsi que des textes de réflexion (en français ou en anglais), des comptes rendus d’ouvrages scientifiques et d’œuvres littéraires, des entretiens et des textes de création. Les manuscrits destinés au numéro de l’automne 2023 devront nous parvenir d’ici le 1er février 2023. 

Pour de plus amples renseignements, voir notre site web ou nous écrire à l’adresse suivante : port-acadie@usainteanne.ca  

Chroniques de la Côte : la carrière du capitaine de bateau à vapeur J. Gustave Landry (1818-1873), d’origine acadienne – 2ème partie

La perception de la société cadienne nous renvoie constamment à des stéréotypes : trappeurs évoluant dans un décor exotique, bons vivants ne faisant qu’attendre le Mardi gras, paysans bonasses ayant mené une existence bucolique jusqu’à leur brusque américanisation au début du 20e siècle… et ainsi de suite. Toutefois, l’évolution de la diaspora acadienne en Louisiane, implantée dans le sillage des Déportations de l’Acadie (1755-1763), n’est guère réductible à ces poncifs certes pittoresques, mais décidément simplistes.

En témoignent le milieu et la carrière du capitaine J. Gustave Landry, que nous avons commencé à explorer dans un précédent article des Carnets Nord/Sud. Issu d’une famille de planteurs de canne à sucre de la paroisse de l’Ascension, dont le membre le plus célèbre était son oncle et beau-père Trasimond Landry (1795-1873), qui fut lieutenant-gouverneur de la Louisiane de 1846 à 1850, le capitaine Landry allait témoigner au cours de sa vie de l’intégration économique, politique et, jusqu’à certain point, sociale de la communauté francophone en contexte états-unien. Et il allait contribuer à ce processus en vertu de son implication dans le domaine des transports fluviaux, bien que ses activités professionnelles ne se limitent pas à ce secteur. 

Pour plusieurs observateurs de l’époque, l’amélioration des technologies, des infrastructures et des réseaux de communication était destinée à assurer la cohésion nationale. De retour d’un séjour aux États-Unis au tournant des années 1820, l’aristocrate suédois Axel Klinkowström (1775-1837) exprimait sa conviction que la navigation à vapeur, étant susceptible de « faciliter les communications » et « d’ouvrir de nouvelles routes commerciales », pouvait souder les nations aux territoires immenses et aux populations diverses, comme les États-Unis et la Russie. À ses yeux, cette révolution des transports contribuerait « puissamment à rapprocher les hommes et à resserrer de plus en plus les liens d’une fraternelle union entre les habitants des contrées les plus éloignées[1]. »

Une vingtaine d’années plus tard, un magazine américain allait abonder dans le même sens : « [La navigation à vapeur] donnera à la république un cœur national et un esprit national[2]. » Tel se voulait le sentiment dominant à l’époque où, en entrant dans la fleur de l’âge, Gustave Landry envisageait, avec son partenaire William Winchester, la construction et l’acquisition de l’Eliska, bateau à vapeur nommé en l’honneur de son épouse Éliska Mire et mis en service en octobre 1846.

La popularité de son itinéraire entre La Nouvelle-Orléans et Bâton-Rouge, qui allait de pair avec la réputation reluisante de son capitaine, a été exposée dans ma première chronique.

Transatlantic sketches–the Mississippi River. The Illustrated London News, 10 avril 1858 (Library of Congress – https://www.loc.gov/item/2008680447/)

Une contradiction s’impose, pourtant. En même temps que la navigation interne aide, dans la première moitié du 19e siècle, à unifier le pays, elle contribue également à l’expansion de l’institution qui va diviser les États-Unis au point de déclencher la guerre civile de 1861-65 : il s’agit bien sûr de l’esclavage. Autre contradiction flagrante, qui n’est pas des moindres : ce sont les richesses créées par le système esclavagiste qui, tout en se fondant sur la misère humaine, assurent la prospérité du « pays de la liberté » en tant que puissance industrielle, comme le rappelle l’historien Edward E. Baptist dans son ouvrage The Half Has Never Been Told: Slavery and the Making of American Capitalism (Basic Book, 2014).

Né dans un milieu profondément esclavagiste, J. Gustave Landry n’évolue guère en marge de ces réalités, car les perspectives qui s’offrent à lui sont définies par l’esclavagisme.

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La recherche à Sainte-Anne : Ramona E. Blinn, stagiaire à la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT)

C’est avec plaisir et fierté que nous partageons ce portrait de Ramona E. Blinn, stagiaire à la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT) et l’Observatoire Nord/Sud, sous la direction du professeur Clint Bruce. Ce texte a été préparé par le Bureau de la recherche de l’Université Sainte-Anne, dont l’une des missions consiste à mettre de l’avant les chercheures et chercheurs de notre institution. 

Originaire de Clare, c’est en 2018 que Ramona a débuté son parcours à Sainte-Anne alors qu’elle a entamé un baccalauréat avec double majeure français et anglais. Durant ses études, elle s’est impliquée comme assistante de recherche auprès du Centre acadien lors de deux stages d’été en 2019 et 2020. Elle a travaillé plus particulièrement sur trois projets, soit 1) mise en valeur du patrimoine culturel et historique des Acadiennes et des Acadiens de la Nouvelle-Écosse par l’organisation et la numérisation de documents et de photos d’archives, 2) un appui à la recherche et la rédaction de contenu historique pour le jeu vidéo Clarevoyance et 3) la création d’outils visant à faciliter l’accès aux ressources en ligne. 

Déjà impliquée pour le journal de l’École secondaire de Clare, son expérience au Centre acadien cristallise un intérêt pour le travail de recherche et de rédaction, notamment afin de faciliter la communication des connaissances auprès de la communauté. En parallèle de ses études, Ramona a travaillé pour Le Courrier de la Nouvelle-Écosse en tant que journaliste et coordinatrice des médias sociaux et du développement communautaire, en plus d’appuyer des projets en édition et traduction. Passionnée d’histoire, de littérature et d’écriture, Ramona apprécie également passer du temps en nature en plus de mettre en valeur l’environnement et les gens qui l’entourent à travers la photographie et la rencontre. 

Engagée dans son milieu et sur le campus, elle a créé plusieurs initiatives pour sensibiliser à la douleur chronique et aux enjeux d’accessibilité et d’inclusion qui lui sont associés. En particulier, son projet des Jours de l’accès cherche à stimuler la discussion et la conversation afin de déstigmatiser et mettre en valeur l’expérience et le vécu des personnes en situation de handicap. Dans le cadre de l’Exposition photo-voix de l’Université Sainte-Anne de 2020, elle a aussi créé une affiche autour des enjeux d’accessibilité que peuvent vivre les étudiantes et étudiants dans les lieux publics, et elle a participé à la Annual Atlantic Undergraduate English Conference à l’Université Memorial (Terre-Neuve) en 2021 où elle a présenté sur les représentations de l’incapacité dans le poème “Disabled” de Wilfred Owen

Plus récemment, c’est auprès de la CRÉAcT et de l’Observatoire Nord/Sud que Ramona continue son travail de recherche, où elle a l’opportunité de s’impliquer sur plusieurs projets visant à mieux comprendre et mettre en valeur l’histoire, l’identité et le parcours des Acadiennes et des Acadiens. Entre autres, elle participe à l’organisation et au codage d’entretiens sur le parcours de la diaspora acadienne en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane, fouille les fonds et journaux d’archives de la Louisiane afin de suivre le parcours de personnes qui ont fui l’esclavage et soutient la collecte de données auprès des municipalités des provinces maritimes pour une recherche sur leurs jumelages municipaux respectifs. Elle assure également des entretiens oraux et des transcriptions auprès de personnes de la région qui ont des liens aux États-Unis dans le cadre du projet Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940)une initiative pancanadienne visant à mieux comprendre les migrations francophones dans l’histoire

À l’automne 2022, Ramona débutera une maîtrise en cultures et espaces francophones sous la direction de Chantal White, professeure au Département des études françaises. Elle s’intéressera plus particulièrement aux liens entre l’histoire, la langue et la santé dans les communautés acadiennes. À travers les récits des personnes qu’elle rencontrera, elle veut mettre en lumière les différentes expressions par rapport aux enjeux de santé selon la langue et la culture et voir si cela se traduit par des expériences différentes. 

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Report de la date limite pour Port Acadie (1er septembre 2022) : appel à contributions

15 juillet 2022 – Le comité de rédaction de Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes est heureux d’annoncer un report de la date limite pour notre numéro 38, à paraître au printemps 2023.

Nous recevrons avec plaisir des soumissions jusqu’au 1er septembre 2022. Port Acadie publie des textes arbitrés (en français ou en anglais) – études scientifiques, notes de recherche – ainsi que des textes de réflexion (en français ou en anglais), des comptes rendus d’ouvrage scientifiques et d’œuvres littéraires, des entretiens et des textes de création.

Fidèle à son nom, notre revue se veut un havre qui accueille différentes perspectives en études acadiennes, dans toutes les disciplines et dans toute leur diversité.

Pour de plus amples renseignements, voir notre site web (https://www.usainteanne.ca/port-acadie) ou nous écrire à l’adresse suivante : port-acadie@usainteanne.ca.

Clint Bruce, codirecteur / Susan Knutson, codirectrice

C’est le 14 juillet : vive la France… et ses jumelages avec les municipalités des provinces Maritimes !

Plusieurs pourraient l’affirmer : les échanges entre la France et la collectivité acadienne et francophone de l’Atlantique semblent plus forts et plus fructueux que jamais. La visite de la délégation acadienne à Paris, au mois de novembre dernier, a bien souligné la volonté de pérenniser ce lien riche d’un très long passé, nourri par le souvenir des origines à l’époque coloniale et porteur de projets pour l’avenir. En ce 14 juillet, plusieurs célébrations ont lieu, ici même dans les provinces Maritimes, pour commémorer la fête nationale de la République française.

Bien que les travaux de la CRÉAcT s’intéressent prioritairement aux contacts avec la diaspora acadienne en Louisiane, il ne serait guère de mise de passer à côté des relations avec la France. C’est pour cette raison que l’Observatoire Nord/Sud tient à recueillir des données sur les échanges au niveau des communautés locales dans le cadre d’un projet lancé en 2017, Les villes ont une famille : enquête sur les jumelages municipaux aux provinces Maritimes. Il s’agit répertorier et d’étudier les relations entre villes-soeurs, dans l’esprit du mouvement internationaliste qui s’est implanté après la Seconde Guerre mondiale.

Cette problématique est d’autant plus pertinente que, depuis quelque temps, la Société nationale de l’Acadie, d’un côté, et le Consulat général de France dans les provinces atlantiques, en vertu de la politique française sur la coopération décentralisée, de l’autre côté, souhaitent stimuler davantage le phénomène des jumelages.

Voici donc un échantillon de nos données, recueillies auprès des municipalités elles-mêmes par les stagiaires de l’Observatoire Nord/Sud. Cette liste présente les jumelages actifs entre municipalités des provinces Maritimes (Canada) et communes françaises. À noter que deux de ces ententes viennent d’être adoptées, preuve de l’intérêt actuel pour ce type d’échange…

Nouvelle-Écosse, 4 jumelages avec autant de municipalités…

  • Municipalité d’Argyle / Belle-Île-en-Mer, Morbihan (2003)
  • Pubnico-Ouest (localité de la Municipalité d’Argyle) / Avoine, Indre-et-Loire (2006)
  • Town of Annapolis Royal / Royan, Charente-Maritime (2009)
    • Royan fut le lieu de naissance de Pierre Dugua de Mons (v.1560-1628), l’un des instigateurs de la colonisation française en Acadie. Depuis 2014, Annapolis Royal reçoit chaque été des stagiaires du Lycée des Métiers du Tourisme Cordouan, initiative qui améliore l’offre francophone à l’approche de la saison touristique tout en resserrant les liens humains entre les deux communes.
  • Cape Breton Regional Municipality / Givenchy-en-Gohelle, Pas-de-Calais (2017)

Nouveau-Brunswick, 10 jumelages avec 11 municipalités…

  • Caraquet / Marennes, Charente-Maritime (1973)
    • Parmi les plus anciens de cette région du Canada, le jumelage a été relancé en 2014, volonté qui s’est traduite par des résidences d’artistes de Marennes à Caraquet, une participation néo-brunswickoise au Forum local de la coopération francophone en 2017 et 2018, et des délégations réciproques du secteur de la pêche en 2018 et 2019.
  • Shédiac / Saint-Pierre-et-Miquelon, COM (1981)
  • Shippagan / Loudun, Vienne (1981)
  • Bathurst / Saint-Aubin-sur-Mer, Calvados (1984)
  • Bouctouche, Cocagne et Saint-Antoine / Châtellerault, Vienne (1984)
  • Saint-Quentin / Saint-Quentin, Aisne (1998)
  • Dieppe / Dieppe, Seine-Maritime (2000)
    • La municipalité néo-brunswickoise a reçu le nom de Dieppe en 1946, en l’honneur des militaires canadiens ayant pris part au raid de Dieppe pendant la Seconde Guerre mondiale. Le jumelage créé en 2000 donne lieu à des échanges soutenus dans plusieurs secteurs : arts et culture, sports et loisirs et coopération économique, sans oublier les commémorations de la guerre. Parmi ces nombreux projets, signalons le Festival international de Cerf-Volant de Dieppe, tenu en alternance dans les deux villes.
  • Saint-Louis-de-Kent / Archigny, Vienne (2010)
  • Cocagne / Duclair, Seine-Maritime (2022)
  • Miramichi / Carpiquet, Calvados (2022)

Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de jumelages entre la France et l’Île-du-Prince-Édouard.

Pour donner une idée de l’esprit qui anime ces ententes, je mets à votre disposition le texte du Protocole d’amitié qui fut entériné en 1981 par la ville de Shippagan et la commune de Loudun, terre d’origine de quelques familles acadiennes parties de France au 17e siècle :

En l’Hôtel de Ville de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada
Ce 16e jour d’août mil neuf cent 81
NOUS, Jean C. Chiasson, maire de Shippagan et René Monory, maire de Loudun
PROCLAMONS le jumelage des Villes de Shippagan et Loudun sous l’égide de la FÉDÉRATION MONDIALE DES VILLES JUMELÉES-CITÉS UNIES en vue de promouvoir des échanges d’ordre culturel, touristique, social et économique intéressant l’ensemble des citoyens.

DÉCLARONS solennellement, au nom des populations de nos villes, notre volonté de respecter les principes de la Charte des Cités Unies, afin de développer la compréhension, le respect mutuel et l’amitié entre les gens de Shippagan et Loudun ouvrant ainsi la voie à l’entente complète, sans discrimination aucune entre les cités et les peuples de toutes les nations.

En foi de quoi,
NOUS, Jean C. Chiasson, René Monory, avons apporté sur ce parchemin notre signature et le sceau de notre Ville.

[SIGNATURE – Jean C. Chiasson]
[SIGNATURE – R. Monory]
[SIGNATURE – Horace Boivin]

A signé avec nous,
le Représentant de la Fédération Mondiale des Villes Jumelées-Cités Unies.

L’équipe de l’Observatoire Nord/Sud s’efforce de garder à jour nos renseignements sur les jumelages afin de mieux servir les organismes acadiens, ou autres, et les agences gouvernementales s’intéressant à ce phénomène. Je m’attends, par exemple, à ce que la réforme imminente de la gouvernance locale au Nouveau-Brunswick ait un impact sur le statut et la gestion de plusieurs ententes. Il se peut de nouveaux jumelages soient créés. Ceux déjà en existence pourraient soit connaître un nouvel essor, soit subir une certaine négligence.

Quoi qu’il advienne, la date du 14 juillet ne manquera pas de rappeler ces échanges et leur importance pour l’Acadie contemporaine.

M. Clint Bruce